"J'ai connu le Divan alors que je traversais de grosses difficultés. J'ai eu un souci dans la clinique où je travaillais, le directeur a facturé à mon insu des consultations, en mon nom, pour des malades que je prenais en charge. Et en même temps, les médecins généralistes qui travaillaient dans cet établissement facturaient aussi des actes sur mes malades. Après un contrôle de la sécu, on m'a demandé de rembourser 6 mois d'activités de consultation, j'ai été sanctionné d'une amende de 45.000 euros et suspendu pendant 4 mois.
J'ai alors évoqué cette affaire sur le groupe et une chaîne de solidarité s'est créée spontanément. Au mois d'aout 2017, je n'avais plus rien. Je ne pouvais même plus donner à manger à mes enfants, mes comptes étaient bloqués. Une cagnotte a été créée à l'initiative de certains membres, cela a été salvateur pour moi. J'ai reçu quelques milliers d'euros, pas grand-chose, mais c'est tombé au bon moment. J'étais dans une situation très difficile. J'ai été touché par cet acte de générosité. Je n'avais rien demandé.
Ce qui m'intéresse dans ce groupe, c'est le côté confraternité. Il y a des jeunes médecins isolés en difficulté devant un malade ou une situation personnelle et ils se retrouvent sur le Divan. Comme pour un divan de psychiatre, ils se livrent, donnent leurs impressions et d'autres confrères abondent, discutent, débattent. C'est un peu un sas de décompression. Je trouve que le Divan a répondu à une attente de nombreux confrères. Je n'étais d'ailleurs pas le seul puisque lorsque je me suis inscrit, nous étions 5.000, aujourd'hui le groupe compte plus de 11.000 membres.
J'ai rencontré un confrère cancérologue dans...
le Var grâce au Divan mais également des infirmières libérales de l'association IDEL. On voit aussi de temps en temps sur le groupe des confrères qui prennent l'apéro mais ça concerne les jeunes, moi je suis un dinosaure à côté. J'essaie d'apporter mon expérience lorsque je vois passer des cas cliniques. Ce groupe a comblé un manque. Il n'y a pas grand-chose pour nous à part les groupes d'entraides de certains syndicats.
J'ai effectivement constaté des abus mais je n'ai lu aucun message où le secret médical avait été trahi. L'esprit carabin, c'est un alibi. J'ai été interne et je peux vous dire que dans les années 70, 80 dans les internats, les directeurs eux-mêmes défendaient cet esprit carabin. C'est une culture de corporation, pour moi ça se définirait comme ça et je pense que nos patrons ont dû faire des choses bien plus répréhensibles à l'époque si l'on voit comment les mœurs ont évolué aujourd'hui. Je comprends que cela puisse choquer mais je ne crois pas que le Divan soit un groupe particulièrement "dérapant", c'est quelque chose d'extrêmement limité. Vous savez, nous sommes une profession en souffrance, avec un grand de nombre de suicides, on y laisse des plumes pendant des années. Retrouver un endroit où l'on peut essayer de se relier, le terme utilisé aujourd'hui c'est reliance, c'est inestimable. Si les médecins se regroupent en 2020 sur un divan, c'est qu'ils en ont besoin. On parle de défouloir en psychanalyse.
Taper sur ceux qui ont dérapé, d’accord et d'ailleurs vous aurez 99.99% des médecins avec vous. Mais ne tapez pas sur le Divan, il n'y est pour rien. C'est un espace de liberté tellement rare, il n'y a aucun enjeux commerciaux ou politiques, c'est ça qui est agréable. J'espère que le Divan survivra, nous avons besoin de lui."
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