Tout l'été, Egora publie vos souvenirs d'étudiants en médecine. J’étais interne en ORL dans un service prenant également en charge la chirurgie esthétique et réparatrice, à l’époque où la chirurgie hospitalière permettait encore certaines hardiesses expérimentales, fortement déconseillées en ville, et totalement inenvisageables depuis. C’était avant le Minoxidil et les implants capillaires : les alopéciques n'avaient pas beaucoup d'autres recours que les lugubres moumoutes, valeurs indémodables des films comiques. Quand un homme d'une trentaine d'années fort dégarni vint nous supplier de faire quelque chose pour lui, nous levâmes d'abord les bras au ciel en signe d'impuissance. Originaire du Moyen-Orient, très brun, le "malade" avait un type de pilosité fréquent dans ces contrées : un pelage d’orang-outang sur tout le corps, et une misère sur le sommet du crâne. L'idée germa naturellement de remplacer une partie de la peau de ce scalp dégarni, par une greffe prélevée sur une zone mieux fournie. Mais quelle zone ? Un rapide examen permis de conclure que la région la plus apte à répondre au besoin, et facile à refermer du fait d'un léger embonpoint, était le pubis. Après avoir exposé au candidat le caractère aléatoire d'une telle intervention, celui-ci se déclara toujours très demandeur. L'intervention se déroula sans anicroche, et dès le démoulage du pansement, l'homme fut aux anges. Nous fûmes moins enthousiastes en réalisant au fil des jours une chose que tous les morpions savent d'instinct : un poil pubien ne ressemble que d'assez loin à un cheveu… Et honnêtement, même après trois permanentes, notre homme avait toujours l'air de s'être collé le mont de Vénus de sa femme sur la tête ! Mais lui était absolument ravi. Leçon n°1 de la chirurgie esthétique : ce n'est pas le chirurgien qui doit être content, c'est le patient… Vous avez également un souvenir que vous souhaitez faire partager ? Ecrivez-nous à redaction@egora.fr
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