Un interne a trois fois plus de risque de se suicider qu'un Français du même âge
Ce sont des statistiques qui font froid dans le dos. Alors que la santé mentale des internes est au coeur des préoccupations des syndicats d’internes, une enquête publiée par la Fondation Jean-Jaurès le 2 mai, réalisée par le Dr Ariel Frajerman, psychiatre, alerte les pouvoirs publics.
Depuis le début de l’année, quatre internes ont mis fin à leur jours. “L'inquiétante prévalence d'épisodes dépressifs et la multiplication des cas de suicides parmi les futurs médecins français doivent alerter les pouvoirs publics”, plaide l’étude. “Il y a environ 60.000 étudiants en médecine dans les hôpitaux français. Comme en témoigne encore leur mobilisation exemplaire face à la crise du Covid-19, ils constituent un rouage indispensable de notre système de santé. Mais, confrontés au quotidien à la souffrance et à la mort des patients, ces étudiants doivent faire face à des conditions de travail difficiles et qui se dégradent”, signale aussi le Dr Frajerman.
Sur les 60.000 étudiants en médecine, il y a aujourd’hui en France environ 30.000 internes. Chaque année, une dizaine d’entre eux se suicident. L’étude de la fondation Jean-Jaurès estime donc le taux de suicide des internes à 33 pour 100.000. A titre de comparaison, celui de la population générale pour la même tranche d’âge (25-34 ans) est de 10,9 pour 100.000 habitants, en 2014. L’étude conclut donc qu’un interne à trois fois plus de risques, environ, de se suicider qu’un Français du même âge de la population générale.
L’un des facteurs les plus important : la prévalence de la dépression et des idées suicidaires. Ainsi, selon l’observatoire de la vie étudiante, un étudiant sur sept a fait un épisode dépressif majeur et près d'un étudiant sur deux a eu des idées suicidaires au cours des douze derniers mois.
Et l’étude n’est pas très optimiste. Malgré la mobilisation des internes pour défendre leurs conditions de travail et plusieurs enquêtes lancées par des syndicats d’internes, “la situation continue à se dégrader”. “Les solutions actuellement proposées demeurent locales et reposent en grande partie sur le bénévolat de médecins ou d'étudiants en médecine. Peu d'argent est consacré à améliorer la santé mentale des soignants, qui payent un tribut élevé. Leur situation s'aggravera tant que se poursuivra la dégradation des conditions de travail à l'hôpital”, affirme le Dr Frajerman dans son rapport.
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