Un généraliste poursuivi pour la mort d'un patient allergique à l'amoxicilline

11/06/2020 Par Sandy Bonin
Faits divers / Justice
Un médecin généraliste a été jugé mercredi pour homicide involontaire après avoir prescrit de l’amoxicilline à un patient allergique à cet antibiotique. Le patient est décédé quelques instants après avoir pris le comprimé. Le praticien demande la relaxe. 

Le 10 octobre 2016, Dominique Miche va voir son médecin généraliste. Ce dernier lui diagnostique une bronchite et lui prescrit de l’amoxicilline. Le soir, deux minutes après avoir ingéré le comprimé, le patient se sent mal. Il étouffe et décède en moins d’une heure. 

La famille de la victime se souvient d’une allergie à cet antibiotique, décelée plusieurs années auparavant. Dans le dossier du médecin de famille, il en est effectivement fait mention depuis 2009, rapporte L'Est Républicain. "Je n’ai pas constaté une allergie de mes yeux, je me suis basé sur un coup de téléphone de mon patient, qui avait fait une mauvaise réaction à ce médicament", explique le généraliste, qui reconnaît une erreur en ne mentionnant pas que cette allergie est "supposée" et qu’elle doit être "vérifiée". "Sa mort m’attriste beaucoup, c’était presque devenu un copain. Mais je ne me sens pas coupable", estime-t-il.  

Pour l’avocat de la famille Miche, il y a bien "négligence". "C’est ce médicament qui est la cause directe du décès", insiste-t-il, s’appuyant sur le rapport du médecin légiste. Le procureur admet qu’il s’agit du seul incident connu pour ce médecin en 43 ans de carrière. Mais l’allergie est à ses yeux "connue et documentée", ce qui montre "une faute caractérisée établie". 

Le médecin conteste la faute. D’ailleurs, il indique lui avoir prescrit de l’amoxicilline huit fois, dont quatre après avoir fait mention d’une allergie dans son dossier. Sans conséquence. Selon lui, "compte tenu de la multiplicité des pathologies de la victime, les causes de la mort peuvent être multifactorielles". Pour l'avocat, du généraliste, l’allergie est "sujette à discussion", puisque jamais prouvée médicalement. La cause du décès n’étant "pas certaine", il demande la relaxe de son client. 

Un an de prison avec sursis a été requis à l'encontre du médecin. La défense réclame 50.000 euros de dommages et intérêts pour la veuve et 30.000 euros par enfant. L’affaire a été mise en délibéré au 8 juillet.

 

[Avec lestrepublicain.fr

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Michel Lemariey-Barraud

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