« C’était une mauvaise idée, on va arrêter. » En quelques mots, Michèle Lenoir-Salfati, la directrice générale de l’ANDPC annonce à Egora sa décision d’interrompre les appels d’offres dans le cadre du DPC. Cette procédure, utilisée plusieurs fois depuis 2014, visait à accorder à des organismes de formation l’exclusivité des actions sur certaines thématiques. En 2019, la Cour des comptes avait recommandé de lui réserver « l’essentiel des moyens » consacrés au DPC, la ministre de la Santé avait demandé d’y recourir « plus largement ». L’Agence du DPC fonctionne davantage comme un guichet, recevant et instruisant des demandes d’enregistrement d’organismes et des dépôts d’actions de formation. « Soit toutes les orientations prioritaires du DPC font l’objet d’un appel d’offres, soit aucune. On ne peut pas laisser un dispositif en guichet unique avec des appels d’offres », justifie la directrice générale. Elle se souvient avoir fait des appels d’offres quand elle était responsable de la formation à l’AP-HP dans les années 1990. Mais à l’époque, la thématique était bien identifiée, le public bien délimité, et la demande émanait d’un chef de service et d’une cadre de santé. Cette fois, dans le dispositif national du DPC, la procédure était plus descendante, conçue pour que le ministère puisse mettre en avant un sujet pour des raisons aussi politiques. Michèle Lenoir-Salfati indique avoir alerté le ministère sur cette volonté de changer de stratégie. À la question de savoir si elle pense qu’elle sera suivie, sa réponse tient en un mot : « Oui ». 124 inscrits pour un objectif de 17 000 À l’origine de cette décision, un constat : le dispositif d’appel d’offres n’a pas permis « qu’une offre rencontre une demande ». L’ANDPC comptabilise 124 inscrits, de juin 2021 à décembre 2022, pour la formation au repérage et à l’évaluation des troubles cognitifs en médecine générale déployée par Panacéa Conseil et Formation Santé, loin de l’objectif des 17 000 médecins formés en trois ans. L’Agence annonce 110 inscrits pour la formation à la prise en charge des enfants présentant un trouble du neurodéveloppement (TND), dont les troubles du spectre autistique, proposée par Coridys Var à des médecins généralistes et pédiatres libéraux. Soit, au gré des désinscriptions, un peu plus de 90 participants seulement, indique cet organisme de formation. Tous les organismes de formation peuvent déjà proposer des actions sur les troubles cognitifs en médecine générale. L’Agence envisage tout de même de laisser en place encore un an l’appel d’offres remporté par Coridys Var, dont les premières sessions ont été lancées en mars 2023 et au moyen duquel elle espère former 4 500 à 6 000 médecins. Sur le plan budgétaire, seules les sessions qui se sont vraiment déroulées sont réglées par l’ANDPC. Un précédent appel d’offres sur la conception et la réalisation d’actions de DPC interprofessionnel n’avait pas non plus attiré foule de candidats, du côté des organismes de formation comme des professionnels de santé. Et celui sur la maîtrise de l’antibiorésistance avait été déclaré infructueux, faute d’offres de bonne qualité selon l’ANDPC. « De vrais cahiers des charges » annoncés Les contempteurs des appels d’offres, au premier rang desquels des acteurs historiques de la formation médicale continue, en avaient dénoncé la complexité, la part selon eux trop importante accordée au critère économique des candidatures (le prix des formations comptait pour 30 % dans la sélection), et le fait qu’un tel appel d’offres, en donnant un monopole à des organismes, risquait de réduire le choix des médecins, et de diminuer le nombre de médecins formés. Sur ce dernier point, Michèle Lenoir-Salfati leur donne raison. Pour la simplification ou non, en revanche, mieux vaut attendre pour juger. La directrice générale de l’ANDPC annonce en effet son souhait de publier sur ces thématiques « des fiches de cadrage mieux faites, avec de vrais cahiers des charges, permettant à davantage d’organismes de déposer des actions ».
« L’agrément [de maître de stage universitaire, MSU] étant délivré aux fins d’accueillir des étudiants de deuxième ou de troisième cycle, la formation est nécessairement une formation commune générique à ces deux cycles. Il est en effet indispensable que le médecin maître de stage dispose d’une vision globale de la formation suivie par l’étudiant qu’il accueille. » La fiche de cadrage numéro 35 de l’ANDPC est – en partie – obsolète. Depuis juin 2023, l’agence accepte en effet aussi des actions de formation à la maîtrise de stage par cycle (2e ou 3e cycle des étudiants en médecine), et non plus seulement pour l’ensemble des deux cycles. « Nous anticipons une disposition prévue dans un prochain arrêté », explique Michèle Lenoir-Salfati. La publication de cet arrêté, demandée par le précédent ministre de la Santé François Braun, est attendue fin 2023 au plus tôt. Le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), principal organisme de formation à la maîtrise de stage universitaire, a déjà déposé une action éligible au DPC distincte pour chacun des deux cycles.
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