Dans le troisième volet de l’étude Amadeus (Améliorer l’adaptation à l’emploi pour limiter la souffrance des soignants), publié en mars dernier dans The Journal of clinical nursing, le Dr Guillaume Fond, psychiatre, qui a mené cette étude, dévoile que 33,3% du personnel exerçant à l’hôpital souffre de dépression. Dans un post Linkedin, le médecin estime que ce chiffre a "un impact direct sur la qualité des soins et de la productivité".
L’étude a été réalisée sur 10 325 professionnels d’établissements de santé, à l’échelle nationale. Parmi eux, 80% ont déclaré avoir eu des "antécédents d’épisodes dépressifs majeurs". Pourtant, seuls "23% environ d’entre eux ont été traités par antidépresseurs et environ 13% ont bénéficié d’un suivi psychiatrique".
Les scientifiques constatent également que les professionnels en dépression qui exercent dans les services de psychiatrie "ont reçu des soins légèrement meilleurs". Ils ont aussi "consommé plus d'anxiolytiques et d'hypnotiques" et seraient plus à risque de développer une addiction "notamment le tabagisme et la consommation d'alcool dangereuse".
Les médecins plus concernés par des problèmes d’alcool
L’étude révèle que "les médecins rapportaient des taux plus élevés de consommation d'alcool à risque tandis que les infirmières, les aides-soignants et les cadres de santé avaient des taux de tabagisme plus élevés et deux fois plus d'obésité que les médecins".
Pour réduire ces chiffres, l’étude propose d’"améliorer la prise en charge de la dépression majeure chez les soignants". Pour cela, elle mise sur "la diffusion d’outils de détection de la dépression majeure, les programmes de stigmatisation de la dépression et des antidépresseurs, la promotion de l’activité physique, la perte de poids, l’arrêt de tabac et la réduction de la consommation d’alcool". Ainsi, cela permettra d’"améliorer la qualité des soins, limiter l'épuisement professionnel, les erreurs médicales, l'absentéisme et le turnover et, globalement, améliorer le bien-être au travail".
56,5% des professionnels épuisés professionnellement
Dans une seconde étude liée au bien-être et au sommeil du personnel hospitalier et menée par le Dr Guillaume Fond, 4971 professionnels ont été interrogés : aides-soignantes, infirmières et médecins recrutés pendant la troisième vague de pandémie de Covid-19. Les chercheurs ont pu mesurer la dépression grâce à l’échelle de dépression du Center for epidemiologic studies ainsi que le mauvais sommeil grâce à l’indice de qualité du sommeil de Pittsburgh.
D’après cette étude publiée fin septembre 2023, "56,5% des participants souffrent d’épuisement professionnel, 29,8% signalent une dépression et 64,5% signalent un mauvais sommeil". Ce sont les infirmières qui présentent une prévalence plus élevée de mauvais sommeil, précise l’étude. "L'une des découvertes les plus significatives est que le chronotype est étroitement lié au bien-être au travail et à la santé mentale", indique le psychiatre dans un post Linkedin.
Les scientifiques montrent qu’un médecin qui possède un chronotype matinal (lorsque la médiane entre l’heure de coucher et l’heure du lever est avant 3h45 du matin) a un plus fort risque de dépression et de troubles du sommeil. A l’inverse, un médecin qui possède un chronotype du soir (lorsque la médiane entre l’heure du coucher et l’heure du lever est après 4h10 du matin) augmente son risque d'absentéisme, de dépression et d’effectuer un sommeil médiocre.
L’étude indique aussi que le "rythme circadien interne" et les horaires de travail peuvent contribuer "à un risque accru de burn out, de dépression et de troubles du sommeil". "Nous avons ainsi pu montrer que les soignants qui travaillent par tranches de dix ou douze heures présentent des risques de dépression et de burn-out plus élevés que leurs collègues qui exercent en 7 heures. Il vaut mieux travailler plus de jours mais sur des plages horaires moins longues", indique Guillaume Fond à nos confrères du Figaro. Pour empêcher cela, l’étude suggère de mettre en place des "bulles" "permettant au personnel de pouvoir récupérer efficacement avec des micro-siestes". Cela pourrait être "une piste" pour améliorer le bien-être au travail.
[avec Le Figaro]
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