Décès d’un nouveau-né à l’hôpital : une enquête ouverte par le parquet d’Ajaccio
Prise de fortes douleurs, une femme enceinte de huit mois appelle le Samu d’Ajaccio (Corse du Sud), le 4 avril dernier. Elle est prise en charge et transportée au centre hospitalier Notre-Dame de la Miséricorde à Ajaccio. Réalisant que la patiente est en train de faire une hémorragie interne, les médecins décident de procéder à une césarienne en urgence. Le bébé naît avec de graves lésions cérébrales en raison d’un manque d’oxygène. L’équipe médicale décide alors de le transférer à l’hôpital de Marseille (Bouches-du-Rhône). Le nourrisson y décédera, 21 jours après sa naissance. Lors d’une conférence de presse donnée par les parents du bébé décédé la semaine dernière, leur avocat, Me Jean-Christophe Coubris, a notamment mis en cause l’hôpital d’Ajaccio et plus particulièrement son service d’urgence. "Le médecin urgentiste est passé à côté du diagnostic alors même que tous les signes cliniques montrent que la maman, enceinte de 31 semaines, est en train de faire une hémorragie, privant le bébé d'oxygène", explique-t-il, en ajoutant que sa cliente “a eu une chance inouïe de ne pas mourir ce jour-là”. "Il s’agit de la responsabilité médicale de l’établissement où incontestablement il y a eu une méprise sur la gravité de la situation lorsqu’ils sont intervenus au domicile de madame et n’ont pas pris conscience que l’hémorragie interne dont elle était victime, allait entraîner le décès de son fils et aurait pu entraîner son propre décès", a–t-il poursuivi, en assurant “avoir la certitude que l’hôpital a voulu maquiller ses fautes”. Pour l'heure, les parents n’ont pas porté plainte. Ils attendent les résultats d'expertise de la commission d’indemnisation. Nos confrères de France 3 révèlent que l'ambulancier qui a pris en charge la maman, a écrit une lettre à sa direction en juin dernier, soit plus d'un mois après le décès du nouveau-né. Dans ce courrier, le soignant "déclare avoir rendu un faux rapport" à son chef. "Je me dois de rétablir certaines vérités", écrit-il. L'ambulancier indique avoir rédigé le compte rendu de la prise en charge de la maman "sans réfléchir aux conséquences" et avoir "menti sur [ses] symptômes". "Contrairement à ce que j'ai écrit dans mon précédent rapport lors de notre intervention, la maman était prostrée au sol, adossée à son beau-père, pas très communicante et dans un gros état de fatigue. Elle avait des difficultés respiratoires avec par moments, une sensation d'étouffement. Elle était extrêmement faible tout au long de notre intervention avec les bras tombants, le regard dans le vide, souvent les yeux fermés, le teint pâle et une transpiration abondante", reconnaît-il, en présisant que les prises de tension et de poul de la patiente "n'étaient pas normales du tout". "L'intégralité des constantes indiquées dans mon précédent rapport m'avait également été communiquée par le docteur", poursuit-il en ajoutant qu'"aucune transmission avec la régulation n'a été faite". L'ambulancier mentionne aussi le fait que ce "docteur n’avait pas médicalisé le véhicule de secours et d'assistance aux victimes (VSAV) des pompiers", et indique "ignorer les raisons" de ce choix, rappelant que "cette décision appartenait au médecin lui-même". Le parquet d’Ajaccio a confirmé à nos confrères de France 3, ce mardi, “être à l’initiative de l’ouverture d’une enquête du chef d'homicide involontaire contre X”, qui a été confiée à la Direction départementale de la sécurité publique de Corse-du-Sud. L’ARS de Corse a également ouvert une enquête interne. La direction du centre hospitalier Notre-Dame de la Miséricorde d’Ajaccio a également fait savoir qu’elle avait porté plainte contre le père de nourrisson pour “menaces de mort”. [Avec France 3 et Corsematin.com]
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