"Dysfonctionnements graves" à l'IHU du Pr Raoult : ouverture d'une information judiciaire
Ce rapport "met en lumière des dysfonctionnements graves de l'IHU", et "plusieurs éléments" sont "susceptibles de constituer des délits ou des manquements graves à la réglementation en matière de santé ou de recherche", déclarent les ministres français de la Santé et de la Recherche, François Braun et Sylvie Retailleau, dans un communiqué commun. Une série de dérives médicales et scientifiques, mais aussi de management, sont pointées, dont plusieurs pouvant "relever d'une qualification pénale", indique le rapport publié par l'Igas et l'IGESR. Des pratiques "ne respectant pas la réglementation et pouvant générer un risque sanitaire pour les patients, notamment au cours des protocoles de recherche", des "dérives dans les pratiques de management, pouvant générer harcèlement et mal-être au travail", des "dérives dans la gouvernance, qui ne respecte pas strictement les règles encadrant les fondations de coopération scientifique", ont été relevées précise le communiqué. Le rapport note que des patients soignés à l'IHU pour Covid-19 ou tuberculose se voyaient administrer des "molécules en dehors de leur autorisation de mise sur le marché", ce qui relève d'une qualification pénale pointe le document.
La procureure de Marseille Dominique Laurens a indiqué avoir ouvert une information judiciaire, pour "faux en écriture", "usage de faux en écriture" et "recherche interventionnelle impliquant une personne humaine non justifiée par sa prise en charge habituelle sans obtention de l'avis du comité de protection des personnes et de l'autorisation de l'ANSM". Cette information judicaire fait suite aux signalements de l'Agence du médicament concernant l'IHU du temps où il était dirigé par le chercheur controversé Didier Raoult. L'ANSM avait notamment relevé "de graves manquements à la réglementation des recherches impliquant la personne humaine", lors d'essais cliniques irréguliers.
"Je regrette que la mission IGAS/IGAENR ne tienne pas compte de la réponse détaillée sur les plans juridique et scientifique que je leur ai fournie", a regretté Didier Raoult dans un tweet mardi, invitant les internautes à lire celle-ci in extenso en ligne. Didier Raoult estime que ce rapport "s'est principalement attelé à compiler des commentaires désobligeants contre le directeur de l'IHU-MI". L'ancien directeur de l'IHU déplore "une absence de distance de la mission qui s'apparente ainsi plus à une mission commando qu'à une inspection au service de l'Etat français." Interrogé sur Cnews mardi, le chercheur a regretté: "C'est un épisode de plus dans le fait que je suis harcelé pour avoir dit ce que tout le monde fait maintenant y compris sur les vaccins (...)", assurant qu'il était "très serein": "j'ai fait ce que je pensais devoir faire dans un temps où l'État français pensait qu'il était nécessaire d'avoir des instituts spécialisés dans les maladies infectieuses".
De son côté, François Crémieux, le directeur de l'AP-HM (hôpitaux publics de Marseille), a assuré dans le journal La Provence mardi que l'établissement "partage le constat des dérives managériales de certains responsables hospitalo-universitaires occupant des fonctions clés au sein du pôle maladies infectieuses". Depuis le 1er septembre, l'IHU est piloté par un nouveau directeur : Pierre-Edouard Fournier, un spécialiste des maladies infectieuses issu de l'institution, qui a soutenu sa thèse sous la direction du Pr Raoult. [Avec AFP]
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