Entre 2014 et 2019, une aide-soignante de l’hôpital Nord Franche Comté a drogué, à leur insu, ses collègues de service en introduisant un antalgique et un neuroleptique dans leurs boissons. Au mois de juin, alors que cette dernière est ivre et fait un malaise, un de ses collègues découvre dans son sac des seringues prêtes à l’emploi. Ils font le rapprochement avec leurs curieuses maladies survenant depuis plusieurs années.
"Mes clientes décrivent toutes les mêmes phénomènes : plus de jambes, des sueurs, elles n'arrivaient plus à garder les yeux ouverts, elles avaient des endormissements tellement profonds que personne ne pouvait les réveiller avant le matin", a décrit Me Alexandre Bergelin, l’avocat des victimes.
L’aide-soignante était jugée mercredi 2 juin. Elle était poursuivie pour “administration de substances nuisibles à un professionnel de santé”. Malade d’une tumeur incurable, âgée de 57 ans, la prévenue n’était pas présente à l’audience. "Elle sera condamnée par la justice des hommes, mais elle est d'ores et déjà condamnée par la maladie", a plaidé son avocate Me Stéphanie Quenot, alors qu'un "compte à rebours est engagé concernant l'état de santé". Elle a toutefois reconnu lors de l'enquête avoir "seringué" les bouteilles de ses collègues "un peu au hasard" en salle de repos ou dans le réfrigérateur du service, sans parvenir à expliquer ses actes. "Il est acquis que les victimes n'auront aucune réponse à leurs questions, car ses agissements sont inexplicables", a regretté le procureur Eric Plantier, avant de requérir trois ans d'emprisonnement avec sursis.
L'aide-soignante a également admis avoir particulièrement visé l'une de ses collègues. L'avocat de cette dernière, Me Stéphane Giuranna, a souligné la violence des "problèmes d'estime de soi" engendrés par la prise de ces médicaments qui l'ont transformée en "loque pendant cinq ans". "Je n'ai rien contre elles, je ne me suis jamais disputé avec elles", s'est désolée la mise en cause lors de ses auditions. "Je n'ai jamais voulu faire du mal, il y a quelque chose qui ne va pas dans ma tête". "Ce n'est pas parce qu'elle ne veut pas donner d'explications, mais parce qu'elle ne les a pas", a assuré l'avocate de la prévenue, décrivant une femme aux "carences affectives considérables", qui "a fait des choses pour pouvoir venir ensuite aider et être valorisée".
Elle a été condamnée à deux ans de prison avec sursis.
[avec AFP]
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