Une infirmière jugée pour avoir administré 1000 fois la dose d'adrénaline prescrite à une patiente
Dix-huit mois de prison avec sursis ont été requis, ce lundi 1er juillet, contre une infirmière de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), jugée pour homicide involontaire. La soignante avait administré 1000 fois la dose d'adrénaline prescrite par le médecin à une patiente de 47 ans.
Le 5 septembre 2017, une femme âgée de 47 ans se rend au service rhumatologie de l'hôpital de jour de Sainte-Marguerite (AP-HM) afin de subir une cinquième injection pour traiter une polyarthrite rhumatoïde. Mais la patiente fait une allergie à l'Inflectra, relate le quotidien La Marseillaise. Son état se dégrade rapidement et la quadragénaire fait un choc anaphylactique avec détresse respiratoire.
L'interne, supervisé par une médecin senior, prescrit une injection de 20 microgrammes d'adrénaline, conformément au protocole. Arrivée depuis quelques mois dans l'établissement après la fermeture de son service dans un autre centre de l'AP-HM, l'infirmière lui administre 20 milligrammes - les quatre flacons de 5 milligrammes qui se trouvent sur le chariot d'urgence -, soit 1000 fois la dose prescrite.
L'erreur de surdosage n'est révélée que le lendemain. Transférée en réanimation à l'hôpital de La Timone, la patiente décède finalement le 9 septembre.
Sept ans après le drame, l'infirmière, désormais à la retraite, a été entendue ce lundi 1er juillet par le tribunal correctionnel de Marseille. La soignante a raconté sa version des faits. "On me presse et ça crie de partout", a-t-elle déclaré, confiant n'avoir jamais eu à utiliser d'adrénaline en 30 ans de carrière. Elle a maintenu avoir entendu l'interne répéter "20, 20, 20". "Il a crié trois fois '20 microgrammes'", a de son côté assuré la médecin senior. "Injecter 4 ampoules d'un même produit, ça ne m'a pas choqué", a ajouté la prévenue.
Exhibant une seringue montrant la quantité "astronomique" administrée, le mari de la victime, infirmier en cancérologie, a lâché : "Pour un néophyte, c'est comme si on vous prescrit 1mg de paracétamol mais qu'on vous donne un kilo, ça ne vous interpellerait pas ?! Ce n'est pas digne d'un infirmier. Elle a tué ma femme, c'est normal qu'elle soit ici. Que votre jugement ait un écho pour les autres malades."
Selon le procureur Michel Sastre, qui a requis 18 mois de prison avec sursis contre l'infirmière, "rien ne laisse à penser à une guerre entre médecins et infirmières. C'est bien son administration surdosée qui a causé la mort". "Elle n'a pas eu le réflexe de demander '20 mais 20 quoi ?'. Ce jour-là, elle a été emportée par un stress, et n'a pas non plus été aidée par son équipe", a-t-il estimé.
L'avocat de l'infirmière a plaidé la relaxe, indiquant que sa cliente avait été dévastée par ce drame et est, depuis, en dépression sévère. "Oui, il y a eu homicide involontaire, mais doit-elle seule en répondre ?", a-t-il interrogé, pointant du doigt "l'administration hospitalière". "C'est l'organisation désastreuse de ce service qui conduit à ce drame. Elle n'est pas la cheffe de service, elle agit sous les ordres. Oui il y a eu homicide involontaire, mais de l'AP-HM, pas de ma cliente."
Depuis le drame, les flacons de 5 milligrammes d'adrénaline sur les chariots d'urgence ont été remplacés par des flacons d'un milligramme et des stylos préremplis de 300 microgrammes, indique La Marseillaise.
Le jugement sera rendu le 9 septembre.
[avec AFP et La Marseillaise]
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