HAS : "On peut imaginer rembourser un placebo"

16/01/2019 Par Fanny Napolier
MEP

La HAS devrait rendre son rapport sur la pertinence du remboursement de l'homéopathie en avril prochain. Quelque 400 méta-analyses et 150 essais cliniques sont actuellement à l'étude.

"Les jeux ne sont pas faits. Il ne faut pas être fermé en disant 'Ca existe depuis longtemps, ça n'a pas été évalué donc c'est mauvais'", souligne le Dr Anne d'Andon, chef du service évaluation des médicaments à la HAS, dans un récent documentaire consacré à l'homéopathie diffusé sur France 5. "Certains disent que ce n'est pas efficace, d'autres disent que c'est efficace. Je ne veux pas entendre uniquement ça. Ce que je veux savoir, c'est s'ils apportent un service au patient et à la collectivité", ajoute la responsable. La HAS a en effet été missionnée par la ministre de la Santé pour rendre un avis sur la pertinence du remboursement de l'homéopathie. Attendu pour février, puis reporté, cet avis est maintenant attendu pour le mois d'avril. Il se basera sur l'audition de sociétés savantes, de médecins, de patients, ainsi que sur l'analyse de 400 méta-analyses et 150 essais cliniques.

"On peut imaginer rembourser un placebo à partir du moment où il a une certaine efficacité, c’est-à-dire qu'il change quelque chose. Il faut être ouvert à d'autres approches thérapeutiques", assure la responsable de l'évaluation des médicaments pour la HAS. Une position toutefois nuancée par la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec, dans le débat qui a suivi la diffusion du documentaire, ce mardi sur France 5. "Pour être remboursé, il faut avoir fait la preuve de son efficacité avec une rigueur scientifique. Un médicament est remboursé pour une indication spécifique, et il doit démontrer son efficacité dans cette indication-là", a expliqué la présidente de la HAS dans l'émission Enquête de santé. "Peu importe comment ça marche, si ça marche. Mais si ça marche, ça doit pouvoir être démontré", a-t-elle ajouté. "On est une autorité publique indépendante, a ajouté Dominique Le Guludec. Indépendante de l'Etat, donc le coût n'est pas notre problème. Indépendante des lobbys pharmaceutiques. Et indépendante des lobbys professionnels. On va donc regarder les choses objectivement. Ce qui nous intéresse c'est de savoir s'il y a une plus-value significative pour le patient. C'est ce que doit savoir l'Etat pour savoir où il met son argent." Voir le documentaire sur France 5

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Stéphanie Beaujouan

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