"J'en veux à mes collègues qui ont été dans le déni complet" : sur le Covid, Buzyn absout Macron et charge les médecins et les experts
Non, elle n'est pas à l'origine de la publication des extraits de son journal intime, saisi sur son ordinateur par la justice et qui n'aurait jamais dû fuiter. Et non, elle n'y met pas "du tout" en cause la gestion du Covid par le Président de la République. Quelques jours après la parution d'un article dans Le Monde, dont elle a été prévenue et qu'elle a préféré "accompagner", Agnès Buzyn a mis les points sur les i lors d'une interview sur RTL.
"Contrairement à tous les commentaires que j'ai pu voir après la sortie de cet article, je ne mets pas en cause du tout des responsables politiques, qui ne sont pas scientifiques et pas médecins", déclare-t-elle d'emblée. Alertée dès la fin de l'année 2019 par des cas de pneumopathies inexpliqués en Chine, la ministre de la Santé d'alors a fait le "travail", en vérifiant les stocks, en faisant des commandes et en activant le plan Orsan dans les hôpitaux, à la veille de son départ de l'avenue de Ségur, le 16 février 2020. "Je pense que le couple exécutif me faisait confiance, ils avaient du mal à imaginer le scénario, c'est normal, ils ne sont pas médecins", insiste-t-elle.
"Une fois que je suis partie, ils avaient d'autres sons de cloche, ils écoutaient d'autres experts", poursuit celle qui, alors qu'elle mène campagne pour la mairie de Paris, ne dort plus de la nuit, rongée par l'inquiétude face à la pandémie qui s'annonce. Alors qu'elle continue de sonner l'alerte à l'Elysée et Matignon, elle reconnaît avoir "eu l'impression de ne pas être prise au sérieux". "Mais encore une fois je ne peux pas en vouloir au couple exécutif qui entend des grands scientifiques très reconnus leur dire que ça va être une grippette, qui n'écoute plus leur ex-ministre de la Santé", lance-t-elle. Et de mettre l'audience au défi "de trouver une seule prise de parole d'expert français ou internationaux jusqu'au 13 mars qui ne soit pas dans le déni" sur l'épidémie de Covid.
Ses reproches, Agnès Buzyn les réserve donc à ses "collègues hospitaliers", "ces médecins qui ont senti le danger mais ne sont pas exprimés", laissant leurs confrères "prendre la lumière" en assurant jusqu'au bout que "ça allait passer tout seul". Aux grandes institutions scientifiques du pays, "censées protéger la parole scientifique, l'éthique médicale", qui "n'ont pas même pas osé parler tant la vague Raoult a envahi le pays". Au Conseil scientifique, enfin. "Il y a des gens remarquables mais je ne sais pas qui a dit au Président de la République qu'on pouvait ne pas confiner, ou en tous les cas confiner aussi tardivement", charge Agnès Buzyn.
Seule responsable politique mise en cause par la justice -Edouard Philippe a le statut de témoin assisté- Agnès Buzyn, aujourd'hui à la Cour des comptes, déplore que la France soit "le seul pays au monde à attaquer ses dirigeants sur la crise du Covid". "La France a besoin absolument de trouver un coupable pour un événement que personne au monde n'a pu prévoir, en tout cas dans son ampleur", regrette-t-elle, appelant plutôt les médecins, les scientifiques et les politiques à "tirer des leçons" sur le plan de l'éthique.
[avec RTL.fr]
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