L'Agence européenne des médicaments (EMA) s'installera à Amsterdam et l'Autorité bancaire (ABE) à Paris. Si le gouvernement français est satisfait de ce dernier coup, il essuie les critiques des élus nordistes, Martine Aubry et Xavier Bertrand, qui espéraient obtenir l'EMA.
"Nous avions la conviction que le président de la République n'avait pas - malgré ses dires - soutenu le dossier de l'EMA à Lille. Nous en avons maintenant la preuve" a avancé la maire de Lille, ancienne ministre de la Santé, des Affaires sociales et du Travail, qui avait commencé à douter officiellement, bien avant le vote, de la loyauté du président de la République, lorsqu'il l'assurait de son appui à la candidature lilloise. Xavier Bertrand, le président Les Républicains de la région des Hauts-de-France a tweeté de son côté : "En soutenant l'Agence bancaire européenne, Emmanuel Macron a fait le choix de la finance plutôt que de la santé". L'ex ministre de la santé a choisi de faire de la politique politicienne. Reste qu'on ne fait pas mystère, à l'Elysée, que la candidature de Lille, préférée par François Hollande à celle de Lyon, pourtant capitale hexagonale de l'industrie pharmaceutique, était peu crédible. "La barre était trop haute pour Lille", admet ainsi dans Libération, un diplomate de haut niveau. "Lille n'a jamais eu la moindre chance. A part peut-être Martine Aubry, personne n'y croyait", confirme auprès de Challenges l'économiste de la santé Claude Le Pen. Malgré sa proximité avec Londres, Lille n'était d'ailleurs pas la destination favorite des employés de l'agence – dans leurs vœux, elle n'arrivait qu'en cinquième position - alors que l'enjeu, bien mis en avant par l'EMA, était de conserver un maximum de collaborateurs. Autre raison ayant peut-être joué contre la candidature française : les difficultés de fonctionnement de l'Agence du médicament française. "Vous ne pouvez pas implanter l'Agence européenne du médicament dans un pays où vous dézinguez l'agence nationale", estime Claude Le Pen. En plus de sa mauvaise image et de ses difficultés à anticiper les crises comme l'a montré récemment l'affaire du Levothyrox, une crise de communication plus qu'une crise sanitaire, l'agence souffre d'une perte d'influence. Alors que la France dominait l'Europe par son expertise dans l'examen des dossiers d'AMM, elle s'est retrouvée en queue de peloton après 2011. Une conséquence directe de la dissolution de l'ex-agence du médicament (l'Afssaps), après l'affaire du Mediator. La mauvaise image dont pâtissent les laboratoires pharmaceutiques en France aurait-elle aussi joué contre la candidature française ? Un argument peu vraisemblable. "Les Pays-Bas sont eux aussi un pays réputé difficile vis-à-vis de l’industrie du médicament", observe Philippe Lamoureux, directeur général du Leem. Les autorités de santé hollandaises elles aussi, négocient âprement les prix des médicaments avec les laboratoires –essentiellement en raison de la taille de leur marché. Pour toutes ces raisons, le rejet de la candidature de Lille était écrit d’avance, estime Challenges. Il n’empêche, la décision signe une perte de chances pour la France. "Au-delà des 900 experts de l’EMA, le personnel assurant les fonctions réglementaires dans les laboratoires pharmaceutiques pourrait bouger", souligne Virginie Lefebvre-Dutilleul, avocate associée chez Ernst & Young. "La continuité de l'action de l'EMA était déterminante. A cet égard, Amsterdam offrait beaucoup de garanties", constate Philippe Lamoureux. [Avec challenges, Libération et Pharmaceutiques]
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