Qui pour remplacer Marisol Touraine au ministère de la Santé ? Dans quelques heures, le nom de l'heureux élu sera connu. En attendant, Egora fait le point sur ce qui se murmure et sur les chances de chacun de remporter l'avenue de Ségur.
Nathalie Kosciusko-Morizet : La femme d'expérience qui fait le buzz
Ce qu'on en dit Cette spécialiste des questions sociétales qui joue à fond la carte de la jeunesse, de la modernité, des nouvelles technologies et du renouveau, n'a jamais caché son intérêt pour le dossier de la Santé. Mais, encore novice dans ce domaine, elle est peu connue des médecins. Après la nomination d'Edouard Philippe, homme de droite, au poste de Premier ministre, NKM a apposé sa signature à une tribune où une douzaine de personnalités laissent entendre qu'ils accueillent favorablement la main tendue par le nouveau président. Interrogée sur France inter, mardi matin, elle disait préférer qu'un Premier ministre soit de son camp, plutôt que l'inverse. Et ajoutait qu'on ne lui avait rien proposé, et qu'elle n'avait "rien demandé". Il n'empêche, son nom fait le buzz depuis 24 heures. Sa bio NKM est née en 1973 et diplômée de l'Ecole polytechnique, puis devient ingénieur du génie rural et des eaux et forêts, après une maîtrise en administration des affaires. Issue d'une lignée de politiques, Nathalie Kosciusko-Morizet est députée (UMP) de l'Essonne depuis 2012, et conseillère régionale d'Ile-de-France. Elle se taille une solide réputation de spécialiste de l'environnement, ce qui lui vaudra de devenir secrétaire d'Etat à l'Ecologie, puis secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique, auprès du Premier ministre François Fillon, en 2009. En 2010, elle est nommée ministre de l'Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement et succède à Jean-Louis Borloo. NKM a présenté sa candidature à la mairie de Paris, et à la présidence de la région Ile-de-France. Sans succès. Jean-Marie Le Guen...
Dr Jean-Marie Le Guen : L'indésirable un peu trop insistant
Ce qu'on en dit "Macron, c'est un peu California Dream. C’est-à-dire : 'tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil'. (…) On ne voit pas très bien comment il peut répondre aux problèmes que se posent les Français aujourd'hui et qui sont posés à notre pays", déclarait Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat en charge des relations avec le Parlement dans le gouvernement de Manuel Valls, au lendemain de la démission d'Emmanuel Macron du même gouvernement. Mais ça, c'était avant. Depuis, Jean-Marie Le Guen, pourtant investi par le PS pour les législatives à Paris, ne cesse de faire les yeux doux à En Marche. "Je me proclame dans la majorité présidentielle", a même récemment assuré l'ex Premier secrétaire des Jeunes socialistes. Sa bio Agé de 64 ans, Jean-Marie Le Guen a fait des études de médecine, puis de sciences économiques. Très investi comme jeune socialiste, il entre en 1980 comme vice-président de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF, ex LMDE) et y restera jusqu'en 1997. L'année suivante, il est mis en examen pour un présumé emploi fictif. La justice lui reproche d'avoir touché près de deux millions de francs. La procédure s'est terminée par un non-lieu. En parallèle de ces affaires, Jean-Marie Le Guen devient député de Paris en 1988. Il gardera cette place jusqu'en 2014 pour entrer au gouvernement Valls. Lors de la primaire de la gauche, Jean-Marie Le Guen apporte son soutien à Manuel Valls. En 2016, des journalistes assurent que Jean-Marie Le Guen aurait proposé à l'ambassadeur du Qatar en France de lutter contre le "Qatar bashing" à l'Assemblée nationale auprès des députés socialistes. "Jean-Marie Le Guen (...) a harcelé pendant quasiment un an l'ambassadeur à Paris -qui est le cousin de l'émir- pour essayer d'avoir un rendez-vous, pour décrocher un déjeuner. En fait, ce qu'il voulait, c'était imposer une agence de communication pour gérer des déclarations d'hommes politiques", détaille Christian Chenot dans le livre "Nos très chers émirs". Le tout pour une rémunération mensuelle de 10 000 d'euros. Jean-Marie Le Guen a immédiatement menacé de porter plainte en diffamation. Jean Leonetti...
Dr Jean Leonetti : L'intéressant qui n'est pas intéressé
Ce qu'on en dit Il aurait fait le parfait ministre de la Santé d'Alain Juppé. Mais c'est François Fillon qu'il a fallu soutenir au lendemain de la primaire de la droite. Après la tempête sur l'Assurance maladie soulevée par François Fillon, Jean Leonetti a participé à la nouvelle mouture du projet santé de la droite et a contribué à apaiser les esprits. Homme de consensus, il présente, pour le poste de ministre de la Santé, l'avantage d'être médecin, comme Emmanuel Macron l'avait promis, et d'être expérimenté. Cependant, Jean Leonetti garde des réserves quant au projet d'Emmanuel Macron. Au lendemain du second tour, Jean Leonetti avait mis en garde le président. "[Cette victoire] ne constitue pas un chèque en blanc pour sa nouvelle mandature. La France est ce soir soulagée, elle n’est pas rassurée." Sa bio Cardiologue, diplômé de la faculté de Marseille, Jean Leonetti a dirigé pendant 20 ans le service de cardiologie du centre hospitalier d'Antibes, où il a gardé une activité. Maire d'Antibes depuis 1995, et député depuis 1997, il a été ministre délégué aux Affaires européennes en 2011, dans le gouvernement de François Fillon. Il a choisi de ne pas se représenter aux prochaines législatives. En octobre 2003, après l'affaire Vincent Humbert, ce jeune handicapé qui avait réclamé le droit d'être euthanasié, il avait été chargé par le président Jacques Chirac de présider la mission parlementaire sur l'accompagnement de la fin de vie. Cette mission a conduit à la loi du 22 avril 2005 sur la fin de vie. Il a ensuite été le rapporteur de la mission parlementaire sur la révision des lois de bioéthique. Issu des rangs du Parti radical, dont il a longtemps été vice-président, il a soutenu Alain Juppé lors de la primaire. Astrid Panosyan...
Astrid Panosyan : Macron au féminin
Ce qu'on en dit Comme lui, elle est jeune (43 ans), belle et intelligente. Et à l'instar d'Emmanuel Macron, cette diplômée de HEC, de Sciences po Paris et de la Harvard Kennedy School of Government (master d'administration publique) mène une brillante carrière, suspendue le temps d'une brève expérience ministérielle. "Jeune espoir féminin du privé" qui pourrait incarner la société civile chère à Macron, Astrid Panosyan est citée pour le ministère des Affaires sociales et de l'Emploi. Un portefeuille qui n'inclurait pas nécessairement la santé. Sa bio Astrid Panosyan a débuté sa carrière en 1994 dans le consulting, avant de rejoindre le secteur des assurances. De 1998 à 2002, elle évolue chez Axa, puis passe chez Groupama. Elle est secrétaire générale du groupe quand Emmanuel Macron, nouveau ministre de l'Economie, la débauche pour en faire l'une de ses conseillères. A Bercy, Astrid Panosyan est en charge de l'attractivité des territoires et des services. En septembre 2015, elle rejoint le groupe Unibail-Rodamco, 3e groupe mondial de l'immobilier commercial. Depuis, elle est membre du directoire et directrice générale des fonctions centrales. C'est l'une des rares femmes à diriger une entreprise cotée au CAC 40. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à soutenir le leader d'En Marche, en tant que conseillère durant la campagne. Arnaud Robinet...
Arnaud Robinet : le challenger inattendu
Ce qu'on en dit Sympathique, jeune, fréquemment sur les estrades et à ce titre bien connu des médecins, Arnaud Robinet est aussi auréolé du prestige de son poste d'enseignant à la faculté, bien qu'il ne soit pas médecin, ce que souhaite Emmanuel Macron. Il tient depuis quelques jours la corde pour occuper le ministère de la Santé, sans doute en binôme avec le ministère des Affaires sociales. L'homme connaît bien les dossiers de la santé et a su garder une certaine image d'indépendance, malgré son militantisme marqué derrière plusieurs figures de l'UMP, puis des Républicains. Dans ce parti, il a souvent pris la parole pour demander une augmentation du prix des consultation, dont il jugeait le montant indigne. Aura-t-il la même verve, une fois aux affaires ? Sa bio Avec trois échecs en première année de médecine – épisode dont il parle avec humour – Arnaud Robinet change son fusil d'épaule et obtient un doctorat de recherche en biochimie et biologie moléculaire à la faculté de médecine de Reims en 2003. En 2007, il devient maître de conférences - praticien hospitalier en pharmacologie à l'Université et au CHU de Reims, dont il est également président du conseil de surveillance. Militant à l'UMP de longue date, il est élu député de la première circonscription de la Marne en 2008 et devient, à 33 ans, le plus jeune député UMP. Par la suite, il emporte les élections municipales à Reims, grillant la maire socialiste sortante, Adeline Hazan, en avril 2014. En décembre 2014, Nicolas Sarkozy étant président de l'UMP, il devient secrétaire national chargé de la santé mais il soutient Bruno Lemaire pour la primaire de la droite. Après l'éclatement de l'affaire Fillon, il renonce avec Bruno Lemaire à soutenir la campagne du candidat vainqueur de la primaire, puis lui apporte de nouveau son soutien, sans s'engager pleinement. Touché par la loi sur le cumul des mandats, il ne devait pas briguer un nouveau mandat de député aux prochaines législatives. Jean-Louis Touraine...
Dr Jean-Louis Touraine: Le précurseur qui n'est plus un jeune premier
Ce qu'on en dit Médecin et député, le Pr Jean-Louis Touraine est l'un des premiers socialistes à avoir boycotté la primaire du PS pour s'engager aux côtés d'Emmanuel Macron. Proche du maire de Lyon, Gérard Collomb, c'est un éminent immunologue, auteur de plusieurs premières médicales mondiales. Un médecin réputé, certes, mais un homme politique qui n'incarne pas vraiment le renouveau souhaité par Emmanuel Macron. Il a néanmoins été investi par "En Marche" pour les législatives dans la 3e circonscription du Rhône. Sa bio Agé de 71 ans, le Pr Jean-Louis Touraine a été chef du service de transplantation et immunologie clinique à l'Hôpital Edouard-Herriot de Lyon. Il a mis au point de nouveaux tests immunologiques pour le diagnostic des déficits immunitaires de l'enfant et a réalisé les premières greffes de moelle osseuse réussies à Lyon puis, en 1974, la première greffe française de thymus fœtal. La même année, il a découvert une nouvelle maladie, "le syndrome des lymphocytes dénudés" ("bébés-bulles"). En 1976, il effectue la première greffe mondiale de foie fœtal. L'enfant-bulle alors traité pour une maladie qui, sans traitement, aurait été mortelle dans les deux premières années de la vie, est maintenant un homme parfaitement sain et totalement guéri. Jean-Louis Touraine a créé le premier comité de bioéthique et a publié un livre "Hors de la Bulle". En 1988, il réalise une nouvelle première mondiale : la greffe de cellules souches sur le fœtus humain, dans l'utérus maternel, avec le Pr D. Raudrant. Le Professeur Touraine s'est également impliqué dans la lutte contre le Sida et a contribué à la mise au point de thérapeutiques. Membre du Parti socialiste, il est élu au conseil municipal de Lyon (Rhône) depuis 1989 et fut maire du 8e arrondissement de Lyon de 1995 à 2001. Il est de 2001 à 2014 premier adjoint du maire de Lyon, Gérard Collomb. Il est élu député lors des élections législatives de 2007 dans la troisième circonscription du Rhône, réélu en juin 2012 avec 59 % des suffrages. Il est candidat à un 3e mandat. Le Pr Touraine a une petite expérience ministérielle: il a été président du Haut comité médical de la Sécurité sociale, au ministère des Affaires sociales, de 1992 à 1996. Olivier Véran...
Dr Olivier Véran : Le favori en danger
Ce qu'on en dit Il a fait toute la course en tête et pourrait bien se faire coiffer sur le poteau. Le Dr Olivier Véran a rejoint l'équipe d'Emmanuel Macron dès la naissance de son mouvement. Référent santé d'En Marche, il a construit le projet en rencontrant de nombreux professionnels de terrain. Jeune médecin, il incarne aussi un renouvellement de la classe politique cher à Emmanuel Macron. S'il a siégé à l'Assemblée nationale pour le PS, c'est en tant que suppléant de Geneviève Fioraso devenue ministre. Et s'il a porté le volet de prévention de la loi de santé, il s'est aussi démarqué de certains points de la loi Touraine – notamment sur la généralisation du tiers payant. Mais il pourrait bien faire les frais du Premier ministre de droite, et perdre la place au profit d'un élu LR. La bio Agé de 36 ans, le Dr Olivier Véran est neurologue au CHU de Grenoble-La Tronche. Député de 2012 à 2015 (en tant que suppléant de la ministre Geneviève Fioraso), il a siégé à la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, où il a suivi particulièrement les dossiers santé. Il a notamment été rapporteur du volet prévention de la loi de santé, dans lequel il s'est particulièrement mobilisé contre l'anorexie. Il a également été rapporteur du projet de financement pour la Sécurité sociale de 2015. Il y a défendu notamment la création des hôtels hospitaliers, ainsi que la suppression des franchises médicales pour les bénéficiaires de l'aide à la complémentaire santé. À l'instar de plusieurs députés, il a publié l'utilisation de sa réserve parlementaire et s'est engagé pour le non cumul des mandats. Il est candidat pour les prochaines élections législatives dans l'Isère.
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