Hôpitaux communautaires de proximité : "une mauvaise réponse" pour les hôpitaux publics

07/06/2018 Par Catherine le Borgne
Politique de santé

Le Haut Conseil de l’Assurance maladie a proposé dans un rapport, une  réforme en profondeur du système de santé, prévoyant la création de 550 à 600 "établissement de santé communautaires", des hôpitaux de proximité qui rassembleraient médecins hospitaliers et libéraux, ainsi que de "maisons de santé" afin de mettre fin à l’isolement des médecins libéraux. Pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) il s'agit d'une "mauvaise réponse à une bonne question".

Le décloisonnement des professionnels de santé est "un enjeu majeur", a réagi Frédéric Valletoux, le président de la FHF sur franceinfo. Optimiste quant au rapprochement des médecins "quel que soit leur statut", il note, en revanche, que la création "d’un nouveau statut d’hôpitaux communautaires", c’est "rigidifier le système [et] une mauvaise réponse à une bonne question". Néanmoins, ce rapport a été applaudi dans un véritable consensus. Qu'en pense le représentant des hôpitaux publics ? "C’est un rapport qui dit des choses très intéressantes et qui surtout, souligne l’urgence et la nécessité de revenir à la proximité, c’est-à-dire à une approche de l’organisation des soins qui parte des besoins des territoires et qui permette de retrouver une médecine de premier recours", salue-t-il, remarquant qu'il ne s'agit pas non plus d'un virage 180 degrés. Aux yeux de Frédéric Valletoux, l’enjeu du décloisonnement est "majeur". "Que l’on soit médecin hospitalier ou médecin libéral, que l’on soit spécialiste ou médecin généraliste, on doit arriver à travailler ensemble beaucoup plus. Cela vaut aussi pour les infirmières ou les pharmaciens, qui ont un rôle à jouer dans la prise en charge des Français et dans l’accès aux premiers soins. Ce rapport est donc intéressant de ce point de vue-là", a-t-il défendu. La FHF estime que la suppression de lits, régulière ces dernières années, a fragilisé les hôpitaux de proximité. "On a aussi fermé des petits blocs chirurgicaux ou des maternités, mais pour des raisons de sécurité, lorsqu’on n'était pas capable d’aligner des lignes de gardes, de médecins, d’anesthésistes, de chirurgiens, suffisamment nombreux" rappelle le représentant des établissements publics. Mais les déserts médicaux touchent aussi les hôpitaux : "20 à 25% des postes hospitaliers ne sont pas pourvus. Quand la sécurité est en jeu, il valait mieux et il faut peut-être continuer d’ailleurs à fermer certaines structures". Frédéric Valletoux pense, lui aussi, qu'il faut des hôpitaux de proximité, pour assurer la prise en charge d'une population qui vieillit. "Permettre que les hôpitaux de proximité soient de plus en plus ouverts aux médecins de ville c’est aussi un facteur d‘attractivité des praticiens qui aujourd’hui veulent un exercice plus ouvert que travailler seul dans leur coin", fait-il valoir. Pour lui, "il n'y a pas de concurrence entre les personnels". En revanche, l'idée de créer des hôpitaux dits "communautaires" entre les cabinets de ville et les hôpitaux eux-mêmes le fait franchement tiquer.  "Cela implique de créer un nouveau statut pour un nouvel établissement, là où au contraire on a besoin d’oxygène, de souplesse, de permettre aux gens de travailler ensemble. On a besoin également d’un système qui permet de rémunérer un médecin de service qui va travailler à l’hôpital. On a besoin d’assouplir des statuts qui parfois rigidifient les coopérations et donc d’outils qui facilitent ces coopérations entre une médecine de ville fragile et une médecine hospitalière qui tient comme elle peut", nuance-t-il. Le représentant de la FHF le redit : "L’hôpital doit être remis à sa juste place : c’est-à-dire la prise en charge au moment aigu de la maladie, pas la médecine générale. Un rapport la semaine dernière disait que 43% des gens qui vont aux urgences n’avaient rien à y faire, on constate que l’engorgement des urgences est un vrai sujet. Rigidifier le système en créant un statut nouveau, pour moi, c’est une mauvaise réponse à une bonne question". [Avec francetvinfo.fr]  

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