Dans le contexte de virage ambulatoire de notre système de soins, l’hospitalisation à domicile (HAD) a une carte majeure à jouer grâce à son prix de journée à 200€, versus 800€ en moyenne à l’hôpital : "la réduction du mésusage de l’hébergement hospitalier", a revendiqué le Dr Elisabeth Hubert, Présidente de la Fédération nationale de l’HAD.
Mais les Français et les médecins y sont-ils prêts ? Lors des Universités d’hiver de l’hospitalisation à domicile (HAD), les résultats d’un sondage réalisé par ViaVoice auprès d’un échantillon représentatif de 1000 français et de 300 médecins généralistes révèlent que 81% des français seraient favorables à bénéficier de soins et d’un suivi identique à ceux de l’hôpital chez eux, si leur médecin le leur proposait. Ce résultat n’a pas de quoi surprendre dans la mesure où le domicile est plus confortable et moins anxiogène que l’hôpital. Mais pour quels soins ? La question mérite d’être posée car ce sondage montre que plus d’un français sur deux associent les soins à domicile aux notions de services et de maintien à domicile. Alors que l’HAD, ce sont des soins hospitaliers pouvant être délivrés à domicile, à un patient indépendamment de son âge, par une équipe médicale et paramédicale car ne nécessitant pas d’accès immédiat à un plateau technique ni de surveillance continue ou de soins intensifs. Cette HAD est prescrite par le médecin traitant ou le médecin hospitalier. Après que cette définition ait été précisée, ce sont 3 Français sur 4 qui se déclarent prêts à envisager une HAD pour eux ou l’un de leur proche.
Un cadre d’expérimentation pour l’innovation
Lors d’une table ronde réunissant le Dr Olivier Véran (neurologue au CHU de Grenoble, député LREM), Nicolas Revel (directeur de la CNAMTS) et le Dr Philippe Boutin (président de la commission nationale des URPS-Médecins), l’accent a été mis sur l’article 35 (futur article 51 dans la LFSS 2018) qui offre un cadre d’expérimentation très large, pour des prises en charge plus globales et surtout plus efficientes. Pour Olivier Véran, ce cadre "doit réduire l’hospitalocentrisme" et, pour Nicolas Revel, "favoriser le virage ambulatoire qui se poursuit à l’hôpital mais ne s’est pas encore bien fait en médecine de ville où on rencontre de vrais problèmes organisationnels". Si bien que pour le directeur de la CNAMTS, il est plus utile d’investir sur les structures, non seulement les maisons et centres de santé mais aussi les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) que d’augmenter la valeur des actes. L’objectif est d’expérimenter, d’évaluer et dans les meilleurs cas, de généraliser. C’est tout l’intérêt de cet article 35, les professionnels de santé doivent s’en emparer et proposer des expérimentations, incluant des modes de rémunération innovants. "Il devrait y avoir une foule de projets souligne Nicolas Revel, une réponse positive ne sera pas donnée à tous, certains nécessiteront un avis HAS, d’autres une phase de maturation, mais l’objectif est bien de permettre aux meilleurs de se déployer rapidement". Olivier Véran a plaidé pour un pilotage souple de ces expérimentations, autrement dit un pilotage pouvant faire appel au privé ou à des consortiums public-privé. Et a tenu à rassurer les libéraux en considérant qu’il ne pourrait pas y avoir de perdants, notamment au plan financier. "L’objectif n’est pas de faire des économies mais de faire mieux. Et si cela dégage des économies, ce sera tant mieux pour les acteurs de l’expérimentation qui devront en profiter pour investir". L’exemple de la prise en charge à domicile des patients insuffisants cardiaques a été cité par le député, de nombreux exemples, français (Ecare, Cardiauvergne) ou étrangers, ayant montré qu’une prise en charge ambulatoire, intégrant une télésurveillance, notamment du poids et de la fréquence cardiaque, permettait de réduire drastiquement le nombre de journées d’hospitalisation…à l’hôpital ! Universités d’hiver de l’hospitalisation à domicile, Paris, 6 décembre 2017
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