violences sexistes et sexuelles

"Persister dans notre silence serait coupable" : une centaine d'hommes médecins et étudiants s'élèvent contre le sexisme

Une centaine d'hommes médecins, professeurs, internes et étudiants appellent à une "mobilisation de la communauté médicale" face aux violences sexistes et sexuelles (VSS) dans une tribune publiée lundi 17 février dans Le Monde

17/02/2025 Par Chloé Subileau
VSS
violences sexistes et sexuelles

Alors qu'une récente enquête du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) révélait que plus de la moitié des praticiennes ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) en France, une centaine d'hommes médecins, internes et étudiants* appellent à briser "l'omerta" dans Le Monde. "Nous […] évoluons, pour notre formation et notre activité professionnelle, au sein de structures encore trop souvent dominées par une culture sexiste, machiste et patriarcale. Nous en sommes imprégnés", écrivent ces professionnels de santé, dans cette tribune.

"Sous le prétexte d’un besoin de défoulement, les traditions carabines ont repris longtemps un imaginaire paillard purement masculin, faisant des femmes un objet sexuel à disposition", poursuivent-ils. Reconnaissant avoir eux-mêmes assisté à des "blagues ou remarques sexistes intimidantes et dégradantes", voire à ce qui se "nomme clairement maintenant des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel", les signataires estiment que "la 'tradition' et le 'à-quoi-bonisme"" leur "ont permis de ne pas [se] poser trop de questions ou de trouver de bonnes raisons pour [se] taire".

Une formation indispensable mais insuffisante

"Pourtant, le constat est terrible et incontestable", admettent-ils, citant les chiffres accablants révélés en novembre dernier par le Cnom, ainsi que par plusieurs associations étudiantes.

"L’étude du Conseil national de l’Ordre des médecins nous apprend que 65% des médecins déclarent avoir eu connaissance de violences sexistes et sexuelles vis-à-vis de leurs collègues. Il apparaît donc que l’omerta à laquelle nous participons est une des principales causes de l’échec de nos institutions universitaires et hospitalières face à cette situation honteuse", insistent le collectif de médecins, professeurs et étudiants signataires.

Dans ce contexte, ils reconnaissent que la formation des soignants sur les VSS, "mais aussi sur les procédures et recours possibles pour les victimes et les témoins, est indispensable". "Mais cela ne sera pas suffisant", estiment ces professionnels de santé.

Dénonçant le système sexiste en place, ils appellent à une "mobilisation de la communauté médicale" et s'engagent à réagir lorsqu'ils seront désormais témoins de propos et attitudes sexistes. "Nous ferons part de notre réprobation à tout collègue qui profiterait de sa position hiérarchique ou de son statut d'enseignant ou d'encadrant pour harceler ou violenter un ou une étudiante ou collègue", promettent les signataires.

Ils souhaitent, par ailleurs, aider les victimes dans leur démarche de signalement et s'opposer "à ce que les responsables de violence soient promus". "Nous demanderons des enquêtes et des sanctions à l’institution. Persister dans notre silence serait coupable", concluent-ils.

[avec Le Monde]

 

*Parmi les premiers signataires, le Pr Stéphane Dauger, chef du service de médecine intensive et de réanimation pédiatriques à l'hôpital Robert-Debré (Paris), le Pr Vincent Gajdos, pédiatre au CHU Antoine-Béclère (Clamart), Emmanuel Hay, interne de santé publique, ancien président du SIHP…. La liste complète est à retrouver sur lemonde.fr

Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Podcast Médecine légale
"On a fait plus de 1400 autopsies" : le récit du légiste français qui a témoigné au procès de Milosevic
19/03/2025
0
Reportage Démographie médicale
"C'est de la vraie médecine générale" : en couple, ils ont quitté les urgences pour ouvrir un cabinet dans une...
19/03/2025
3
Enquête Démographie médicale
Y aura-t-il trop de médecins en France en 2035 ?
09/01/2025
18