"Sacrifier la médecine de ville serait une faute politique impardonnable !", alerte la CSMF dans un communiqué diffusé le 16 juin, après la présentation du rapport de la commission des comptes de la Sécurité sociale. Avec la crise du coronavirus, le déficit de la Sécu va s'envoler pour atteindre un niveau "historique" de 52 milliards d'euros en 2020 (précédent record de 28 milliards en 2010) -dont 31.1 milliards pour la seule branche maladie. Un déficit qui s'explique à la fois par une diminution des recettes (diminution des cotisations sociales et des recettes de TVA notamment) et par une augmentation des dépenses (IJ, téléconsultations, masques, primes pour les soignants…). -30% d'activités pour les généralistes La crise sanitaire a doublement bouleversé la construction de l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) : "Des mesures exceptionnelles ont été décidées pour faire face à la crise sanitaire mais, en sens inverse, les mesures de confinement ont entrainé une chute marquée des remboursements de soins de ville", souligne le rapport de la commission des comptes. "On observe un quasi arrêt de l’activité pour les masseurs-kinésithérapeutes (-80% en avril 2020 par rapport à avril 2019), les chirurgiens-dentistes (-90%), les orthophonistes et les orthoptistes (-80% et -85%).
On constate également un très fort recul pour les médecins généralistes avec une diminution de l’activité d’environ 30%, malgré la très forte hausse des téléconsultations. Pour les médecins spécialistes, l’activité baisse d’environ 50% avec néanmoins de grandes disparités selon les spécialités." "Sous réserve" d'une hypothèse de reprise d'activité en ville...
(normalisation attendue d'ici fin août, +20% sur le dernier quadrimestre), "les dépenses relevant de l'Ondam pourraient augmenter de 8 Md€ au total" : 12 milliards d'euros de dépenses pour mesures exceptionnelles, auxquelles la commission retranche 4 milliards d'euros pour les économies générées sur les soins de ville (-5.4 milliards d'euros de remboursements en moins, mais 1.4 milliard d'euros d'aides compensatoires de charges versés). Soit un Ondam de +6.5%, contre 2.45% initialement prévu.
Pour la FMF, non seulement "les compensations pour pertes d'activité sont notoirement insuffisantes", mais l'investissement sur la ville promis par le Président n'est pas au rendez-vous puisque l'Ondam de ville n'augmente que de 2% contre 5.6% pour celui des établissements de santé et 9.3% pour le secteur médico-social.
Quant à la CSMF, elle fait part de ses craintes sur la reprise d'activité, "très hypothétique vu les contraintes de fonctionnement actuelles". "Cette crise de la Covid19 va donc se traduire pour la médecine de ville par une nette diminution des moyens alloués si les choses ne sont pas redressées dans l’immédiat", s'alarme la confédération. Les syndicats demandent à ce que les 4 milliards d'euros économies générées sur les dépenses de remboursement reviennent entièrement à la ville afin d'accompagner une réorganisation des soins reposant sur une revalorisation de la médecine libérale. Ils doivent être "accompagnés des moyens complémentaires nécessaires, comme cela est prévu pour l’hôpital", insiste la CSMF. "Il serait incompréhensible que certains soient reconnus pour leurs engagements, par les primes déjà annoncées et que d’autres en soient oubliés", souligne la CSMF. Et la FMF de rappeler que les médecins libéraux ont payés de leur vie cet engagement : 51 médecins sont morts sur les quelques 5000 qui ont été contaminés.
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