Après le constat, place à l’action. En mars 2021, l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) publiait une étude choc sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) subies par les étudiants en médecine au cours de leur cursus. Des centaines de témoignages, plus édifiants les uns que les autres, venaient illustrer des chiffres alarmants : 1 étudiant ou étudiante sur 3 a été victime de harcèlement au cours de sa vie universitaire ; 15 % des étudiants et étudiantes ont subi une agression sexuelle ; et seuls 10% signalent ces violences…
"Lors d'une soirée avec notre promo, un étudiant est passé derrière une amie et a passé sa main sous sa jupe, et l'a pénétré avec un doigt. Cela s'est passé si rapidement que personne n'a réussi à le reconnaître et aucune démarche n'a pu être faite", pouvait-on lire parmi les centaines de témoignages récoltés par l’association d’étudiants. Au total, 4500 jeunes avaient répondu entre le 8 mars et le 30 avril 2020 à cette vaste enquête. Les résultats avaient permis de lever un peu plus l’omerta sur ces violences dans les études médicales.
Un peu plus de deux ans après la diffusion de cette enquête, l’Anemf publie un guide de lutte contre les VSS au sein des études de médecine, réalisé avec la conférence permanente Égalité-Diversité. "Pour que plus aucune étudiante ou plus aucun étudiant victime ne se sente bloqué par la peur de compromettre ses études et sa future carrière." Des dizaines de rencontres avec les instances, d’échanges avec les futurs médecins ont permis de répondre à des questions primordiales que peuvent se poser les étudiants, qu’ils soient victimes ou témoins.
Dans un but premier de sensibilisation, le guide donne des clefs pour identifier les violences sexistes et sexuelles. Elles "couvrent les situations dans lesquelles une personne impose à autrui un ou des comportements ou propos (oral ou écrit) à caractère sexiste et/ou sexuel. Elles sont l’expression de la volonté de domination de l’auteur sur la victime", est-il défini. Outrage sexiste, harcèlement sexuel, voyeurisme, soumission chimique, viol… Le guide expose les différents types de VSS et le cadre légal (contraventions, délits ou crimes), ainsi que les circonstances aggravantes.
Il rappelle aussi l’importance du consentement, alors que de nombreux témoignages livrés dans la première enquête VSS de l’Anemf relèvent son absence. Le guide aide par ailleurs les étudiants à reconnaître une situation de violence sexiste ou sexuelle, qu’elle intervienne en stage à l’hôpital, à la faculté ou dans les soirées étudiantes. "L’environnement propre aux études de médecine, et notamment dans le contexte festif, est empreint de stéréotypes et de culture du viol", souligne le document de 96 pages.
L’Anemf explique également comment faire face à une situation de VSS. En premier lieu, comment protéger la victime au moyen, entre autres, de la méthode des 5D (distraire, diriger, déléguer, documenter, dialoguer), mais aussi comment alerter les personnes compétences afin d’empêcher une récidive de l’agresseur. L’association énumère les interlocuteurs à privilégier à l’université, à la fac ou en stage. Alors que "moins de 10% des victimes de violences sexuelles portent plainte selon le ministère de l’Intérieur", par" peur ne pas être crues" notamment, le guide explique comment récolter des preuves : témoignages écrits, courriers, SMS, audios, certificat médical… Il offre un répertoire fourni de contacts vers qui se tourner lorsqu’on a subi des violences (lignes d’écoute, dispositif Santé psy étudiant, planning familial…) ou que l’on doit accompagner une victime.
L’étape du signalement – permettant de déclencher des procédures contre l’agresseur qu’il s’agisse d’un autre étudiant ou d’un supérieur hiérarchique (PU-PH, MCU-PH, CCA, MSU) – est bien sûr abordée. Une cartographie des dispositifs de signalement est également disponible via un QR Code. Enfin, le guide détaille les différentes procédures – pénales, ordinales, disciplinaire – qui peuvent être engagées en fonction des situations, et ce qu’elles impliquent.
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