Cancers : les anti-acides diminuent la survie de patients traités par certains anticancéreux

15/02/2019 Par Marielle Ammouche
Cancérologie

Des spécialistes de l’Institut Gustave Roussy attirent l’attention sur le risque d’ajouter un traitement anti-acide chez les patients traités par pazopanib, un inhibiteur de tyrosine kinase, utilisé dans le traitement du cancer du rein et des sarcomes des tissus mous. De précédentes études avaient déjà montré que les traitements anti-acide réduisent le taux de pazopanib dans le sang de patients atteints de tumeurs solides.

  "Nous avons recherché si l'utilisation de médicaments anti-acide pouvait avoir un effet sur la survie des patients atteints de sarcome qui prenaient du pazopanib", explique le Dr Olivier Mir, oncologue médical et pharmacologue à Gustave Roussy. Cela est lié au fait que l’absorption du pazopanib dépend du pH : le médicament doit ainsi passer par un milieu acide pour se dissoudre. "Comme la principale fonction du traitement anti-acide est de réduire l'acidité de l'estomac, ces traitements peuvent diminuer l'absorption du pazopanib", poursuit le Dr Mir. Or cette pratique est fréquente puisqu’on estime que jusqu'à 50 % des personnes qui suivent un traitement contre le cancer prennent aussi ce type de traitement. Les chercheurs se sont donc basés sur deux essais cliniques. L’analyse a porté sur 333 patients traités par pazopanib. Parmi eux, 117 (35,1 %) ont reçu des médicaments anti-acide au moins une fois pendant le traitement avec le pazopanib, 59 (17,7 %) ont pris un anti-acide pendant plus de 80 % de la durée du traitement au pazopanib, et 19 (5,7 %) étaient déjà sous traitement au moment de l’initiation du pazopanib. Les résultats ont montré que les patients ayant pris un traitement anti-acide pendant au moins 80 % de la durée du traitement ont réduit considérablement la survie sans progression de leur cancer par rapport à ceux qui n’ont pas eu recours au traitement anti-acide (médiane de 2,8 mois contre 4,6 mois). La médiane de survie globale était aussi abaissée, étant de 8 mois pour les patients sous traitements anti-acide pendant au moins 80 % de la durée du traitement, contre 12,6 mois pour ceux qui n’en ont pas pris. En revanche, aucune association n’était retrouvé avec le placebo. En outre, l’étude n’a pas mis en évidence de bénéfice positive du traitement anti-acide sur les effets secondaires liés au pazopanib. En conséquence, pour le Dr Mir, "en démontrant qu’il est clairement déconseillé d’associer des anti-acide au traitement par le pazopanib, les résultats de cette analyse devraient inciter les oncologues à modifier la prise en charge de leurs patients", précise-t-il. "Les patients ont souvent recours à des anti-acide pour soulager des douleurs abdominales qui ne sont pas toujours directement liées à l'acidité de l'estomac". Il ajoute "la majorité des patients atteints de cancer qui prennent des médicaments anti-acide pourraient avoir recours à un traitement différent pour soulager ces symptômes. Il est absolument primordial que les patients informent leurs oncologues de tous les médicaments qu'ils prennent pendant le traitement du cancer, y compris ceux en vente libre, et y compris les plantes médicinales, afin que de potentielles interactions médicamenteuses délétères puissent être évitées". Cette étude a été financée par le Fonds Cancer (Foca) Belge, et conduite au sein de l’EORTC  

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