Cannabis thérapeutique : de premiers résultats encourageants

08/12/2023 Par Brigitte Blond
Neurologie
Le 23e congrès national de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), qui s’est tenu du 22 au 24 novembre à Saint-Malo, a été l’occasion de dresser un premier bilan de l’expérimentation française concernant le cannabis médical.  

 

"Les premiers résultats de l’expérimentation Cannabis thérapeutique et douleur voulue pour évaluer la faisabilité du circuit et son acceptabilité par les patients, afin d’éclairer la décision publique, devraient être communiqués officiellement très prochainement", prévient la Pre Nadine Attal, professeure de thérapeutique et de médecine de la douleur, responsable du Centre d’évaluation et de traitement de la douleur de l’hôpital Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt, et présidente de la SFETD. A la faveur de la pression des patients et de l’autorisation accordée au cannabis dans une trentaine de pays dans le monde (21 en Europe), le feu vert avait été donné en France en octobre 2019 pour 2, puis 3 ans, le premier patient ayant été inclus le 26 mars 2021, la part des douleurs neuropathiques y étant majoritaire.  

Près de 50 structures douleur ont été impliquées dans l’expérimentation française alors que les preuves scientifiques d’efficacité sont, aux meilleurs des cas, modestes : un patient sur 11 seulement est soulagé à au moins 30% de sa douleur. Les experts internationaux en charge des recommandations sur la prise en charge des douleurs neuropathiques par le cannabis ne se prononcent d’ailleurs pas, faute d’étude concluante… "Une discordance manifeste donc entre le succès avéré de l’expérimentation française (comme canadienne) - qui n’est pas un essai, versus placebo - et les résultats mitigés des essais cliniques consacrés au cannabis, en moins grand nombre que les méta-analyses dédiées", souligne la Pre Attal. Cette dernière a communiqué les premiers résultats de l’expérimentation lors du congrès. 

Ainsi, 2 540 patients douloureux chroniques complexes - dont 54% pour des douleurs neuropathiques -, ont été pris en charge. Ils présentaient des douleurs datant de plus de 6 mois, mesurées sur une échelle EVA à plus de 6 sur 10. Lors de la dernière évaluation, les deux tiers des patients étaient toujours douloureux. Cependant, ils n’étaient plus que 30  à souffrir de douleurs fortes ou insupportables à 3 mois, versus 80% à l’inclusion, les douleurs étant qualifiées de modérées à faibles pour la majorité, leur intensité restant stable jusque 18 mois. "Un effet, objectif secondaire, qui n’est pas faramineux mais significatif pour ceux qui ont poursuivi l’expérimentation, 30 à 35% d’entre eux étant améliorés d’au moins 30%", insiste la Pre Attal. Le soulagement douloureux qui est de 25% à M0 avec les traitements habituels est de 57% à M18 avec le cannabis. "Un effet particulièrement notable sur les brûlures, les crises douloureuses brèves et les douleurs provoquées", relève-t-elle. Par ailleurs, la qualité de vie s’améliore ainsi que les indices de dépression et d’anxiété associés à la douleur. Enfin, l’état de santé évalué à 4,5 à l’inclusion atteint 6 à 3 mois, et ce, avec une dose moyenne de 126 mg de CBD et 15 mg de THC (dominant).  

Concernant la tolérance, on compte 6% d’évènements indésirables graves (augmentation des crises d’épilepsie, comportements suicidaires, etc.) attendus, et les effets les plus fréquents, très rarement sévères, étaient des troubles cognitifs, de l’équilibre, des nausées, etc. lors de la titration surtout.  

"Ces résultats, de balance bénéfices/risques favorable pour un syndrome douloureux réfractaire, sont à interpréter dans le cadre de l’expérimentation, qui est celle de la faisabilité du circuit", rappelle la Pre Valéria Martinez. En tout état de cause, l’introduction du cannabis doit se faire en parfaite connaissance du patient, de son parcours de soins et de traitement, l’initiation devant être du ressort du médecin hospitalier spécialiste de sa pathologie. Actuellement, 10% des prescriptions et 20% des dispensations se font en ville. Fin 2024, la prescription du cannabis devrait sortir du champ de l’expérimentation pour entrer dans le "droit commun".

Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?

Stéphanie Beaujouan

Stéphanie Beaujouan

Non

Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus

7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de Marc Menard
334 points
Autre
il y a 10 mois
Au moins,on ne pourra pas dire que toutes les phases d'expérimentations,de résultats comparés dans le temps,d'études cliniques..etc...sont mieux conduites que la mise sur le marché du vaccin COVID !!!
Photo de profil de Pierre Carre
338 points
Débatteur Renommé
Médecine interne
il y a 1 an
et la conduite automobile ? et les futures prescriptions interférantes avec les traitements initiés, cad mélanger un traitement ou des traitements avec peu de recul (ou pas de recul) avec du cannabi
Photo de profil de Isadoul
2 points
il y a 1 an
L'actuelle présidente de la SFETD est Valéria Martinez. Nadine Attal est past president
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6