Egora-le Panorama du Médecin : Certains patients atteints de covid-19 présentent des manifestations cutanées. Quelle forme peuvent-elles prendre ?
Dr Caroline Farny : Trois catégories se détachent : des manifestations paravirales, vésiculeuses et vasculitiques. Parmi les éruptions paravirales, nous avons observé des cas d’exanthème plus ou moins prurigineux, accompagné parfois d’un énanthème, qui apparaissent tôt dans l’évolution de la maladie et se résolvent spontanément, et des cas d’urticaire avec quelquefois un angioœdème. Concernant les des éruptions vésiculeuses, elles concernent un tiers des patients atteints des manifestations cutanées. Elles se situent au niveau du tronc puis peuvent gagner les membres. Elles apparaissent en moyenne 10 jours après les symptômes généraux et évoluent rapidement vers des papules croûteuses. Les éruptions vasculitiques peuvent prendre la forme d’éruptions purpuriques avec pétéchies diffuses et souvent asymptomatiques, ou de pseudo-engelures touchant les extrémités et apparaissant sous 10 jours, surtout chez les jeunes adultes. Enfin, il existe des éruptions livédoïdes qui concernent principalement les cas de Covid sévère. Elles ont été rapportées principalement lors de la première vague, chez 30 % des patients sévères. Plus rarement, il a été observé une augmentation de l’acné, des effluvium télogène, des cas de maladies atypiques de Kawasaki chez de jeunes enfants, des cas de panniculite à éosinophiles, de dyschromie périorbitaire et d’ulcères buccaux. Des réactions cutanées post-vaccinales ont également été décrites comme le « covid arm » (placard inflammatoire localisé au lieu d’injection) ou l’érythromélalgie [maladie artérielle périphérique fonctionnelle, se manifestant par douleur brûlante, une peau chaude, et un rougissement des pieds et, moins souvent, des mains, ndlr]. Quels mécanismes peuvent être à l’origine de ces manifestations cutanées ? Deux mécanismes se distinguent : une réponse immunitaire à la présence du virus et une réaction secondaire inflammatoire via l’activation de protéines et enzymes (interleukine 6, interferon alpha, enzyme de conversion). Ces mécanismes physiopathogéniques sont observés dans les autres organes et expliquent la complexité de la maladie. Quelle est la prévalence des manifestations cutanées ? Quel est le profil des patients concernés ? Les études réalisées sur des registres internationaux ne permettent pas d’estimer la prévalence au niveau mondial. Celle-ci va de 1,8 % (dans une cohorte chinoise de 1 100 personnes) à 20,4 % (dans une cohorte italienne de 90 personnes). Il s’agit de patients en très bonne santé, plutôt jeunes, entre 20 et 30 ans, des hommes dans 60 % des cas. Ces manifestations cutanées sont-elles sévères et/ou durables ? Généralement, elles ne sont pas graves et disparaissent au bout de quelques semaines. Cependant, les lésions acrales ischémiques ou le livédo réticulé sont à risque de mauvaise évolution. Quelques cas de pseudo-engelure persistent plusieurs mois. Les éruptions cutanées et le prurit causent de l’inquiétude chez les patients. Certains ne savaient pas qu’ils étaient porteurs du Covid car ils étaient asymptomatiques du point de vue respiratoire. Ces symptômes ont permis de diagnostiquer la maladie.
Justement, quels signes cutanés peuvent alerter le médecin généraliste ? Il faut toujours se poser la question de l’origine des manifestations et penser qu’elles peuvent être liées au covid. Il faut avoir le dépistage facile si l’on a le moindre doute. Les manifestations cutanées sont assez rares. Mais si la population générale sait que ces symptômes peuvent être liés au Covid, cela peut amener à consulter plus tôt. Quelle prise en charge proposer au patient, se plaignant notamment de démangeaisons ? Les traitements sont uniquement symptomatiques. En cas de prurit ou de poussée urticarienne, prescrire des antihistaminiques. En cas d’exanthème, des émollients voire des dermocorticoïdes peuvent être prescrits. Des antipyrétiques seront proposés en cas de fièvre. Concernant les pseudo-engelures, des anticalciques peuvent être prescrits, mais les recommandations sont en premier lieu d’éviter l’exposition au froid et à l’humidité et de ne pas porter de chaussures trop serrées. A quel moment le médecin généraliste doit-il orienter vers le dermatologue ? Cela dépend de l’expérience de chacun. Les généralistes connaissent bien les poussées urticaires, tandis que les éruptions paravirales ou vésiculeuses peuvent être compliquées. En cas d’engelure, de livédo ou de purpura, il faudra envoyer vers le dermatologue ou vers le médecin interniste qui pourra confirmer ou infirmer le diagnostic de Covid-19.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus