Développée par la société Nouveal, en collaboration avec l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, la plateforme Covidom est un beau succès. Au 28 avril, elle avait en effet permis de suivre à distance 60 000 patients infectés par le Covid-19 ; et « 20 000 médecins hospitaliers de 350 établissements de santé et 6 000 médecins généralistes y avaient recouru », explique Alexandre Falzon qui a créé Nouveal en 2013 avec Guillaume Fayolle. Plus ambitieux, l’objectif visé est aujourd’hui, grâce à un soutien financier de Novo Nordisk, Johnson & Johnson France, la Poste et Malakoff Humanis, de proposer un accès gratuit à cette plateforme à l’ensemble des médecins généralistes et des infirmiers libéraux de France métropolitaine afin d’assurer un meilleur contrôle de l’épidémie, notamment après la phase de déconfinement. « L’adaptation de la plateforme a pu être rapide, car elle s’est appuyée sur un outil de suivi des patients, e-fitback, utilisé depuis 2015 dans 70 établissements de santé, en particulier pour faciliter la récupération rapide après chirurgie ou favoriser la chirurgie ambulatoire. Les règles indispensables pour proposer un dispositif de télésuivi : sécurité, respect de la protection des données selon la réglementation européenne RGPD étaient ainsi déjà connues », insiste Alexandre Falzon. Nouveal, qui est leader du télésuivi en France, propose aussi des dispositifs de ce type pour le suivi des femmes enceintes ou de patients oncologiques ou hématologiques, ou encore porteurs de diabète, de maladies rhumatologiques etc...
Le Dr Fabienne Bellon-Urda, généraliste à Vienne (Isère), qui a utilisé Covidom, pour 4 patients suspects d’infection Covid-19, explique que le fonctionnement de l’application est simple. Le médecin généraliste s’inscrit sur la plateforme. Lorsqu’il se trouve face à un patient suspect d’être infecté par le Covid-19 en consultation présentielle ou en téléconsultation, il entre ses données administratives et médicales sur l’application. Le patient reçoit alors...
un identifiant et un mot de passe lui permettant de se connecter dans les 72 heures sur smartphone, tablette ou ordinateur. Il recevra ensuite pendant une durée d’un mois, mais ce délai peut être raccourci, 1 ou 2 questionnaires à remplir par jour selon qu’il a ou non des facteurs de risque, et qui sont transmis à la plateforme. « Différents items sont pris en compte comme la température, la fréquence cardiaque et respiratoire, la présence de frissons, d’un éventuel malaise, la qualité de la respiration, la saturation en oxygène si le patient dispose d’un saturomètre », précise le Dr Bellon-Urda. Des documents d’information : moyens de protection contre le coronavirus ou autres, éventuellement préparés par le médecin, peuvent aussi être proposés au patient, « et le malade a la possibilité de transmettre des résultats de tests diagnostiques, de scanners », complète Alexandre Falzon. Ayant accès sur la plateforme au contenu des questionnaires de l’ensemble de ses patients, le médecin peut voir à distance s’ils ont ou non accédé à la plateforme. Le Dr Fabienne Bellon-Urda conseille « d’appeler le patient s’il n’a pas rempli son premier questionnaire pour vérifier qu’il n’a pas de difficultés pour se connecter bien qu’il suffise de cliquer sur un mail pour cela. Si c’est le cas, on pourra alors tenter de résoudre la question avec lui au téléphone ». En présence de signes inquiétants au vu des réponses aux questionnaires d’un patient (fièvre élevée, essoufflement important), le médecin généraliste (ou un infirmier médical si le médecin a délégué à celui-ci le télésuivi) reçoit des alertes oranges ou rouges, transmises en temps réel par SMS ou mail. Le patient est lui aussi alors informé que son médecin va entrer en contact avec lui, et, éventuellement suivant le niveau d’alerte, qu’il doit appeler le 15 en l’absence de nouvelles du praticien.
Au vu de son expérience, le Dr Fabienne Bellon-Urda estime que « l’application qui ne prend pas beaucoup de temps aux patients les rassure ». Pour les médecins, « elle permet d’avoir l’esprit plus tranquille ». « L’application pourrait être particulièrement précieuse dans quelques semaines ou mois, si l’épidémie perd de la puissance et qu’on oublie un peu le Covid-19, pour assurer une bonne prise en charge des patients suspects d’être infectés », estime le Dr Bellon-Urda. Par ailleurs les données recueillies pourraient permettre d’avoir une meilleure image épidémiologique de l’infection. Pour le Dr Bellon-Urda, Covidom a permis aux médecins généralistes de « se faire la main » en s’appropriant le télésuivi. Et, il faudra développer ce type d’outil, qui renforce l’autonomie des patients, pour le suivi régulier en médecine générale de ceux avec une pathologie chronique comme un diabète, une insuffisance cardiaque, après chirurgie ou pour le suivi de la grossesse. Alexandre Falzon confirme que « la demande d’utilisation de Covidom est importante de la part des médecins ».
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