« Les études sur la santé mentale retrouvent une prévalence plus élevée de la dépression chez les étudiants en médecine que dans la population générale. Les chiffres ont cependant été rarement comparés à ceux d’une population étudiante », a expliqué le Dr Ariel Frajerman (Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris). En réalité, la comparaison des données de 18 875 étudiants, dont 2 414 en médecine, issues de l’Observatoire national de la vie étudiante de 2016, n’a pas détecté de différence globale pour le pourcentage d’épisodes dépressifs majeurs entre étudiants en médecine ou étudiants des autres disciplines après analyse de leurs réponses au questionnaire Cidi-SF (Composite International Diagnostic Interview) dans sa version courte : 15,4 % chez les étudiants en médecine, 15,7 % chez les autres étudiants. « Certaines filières ou années d’études sont cependant plus à risque », a trouvé le Dr Frajerman, comme la Paces en médecine (odds ratio de 1,74), ou les études de lettres et sciences sociales (1,39), de droit ou économie (1,20). Des facteurs de risque identifiés Les étudiants avec des difficultés financières importantes (2,93) ou, dans une moindre mesure, boursiers (1,11), ou avec des parents au revenu mensuel inférieur à 1500 € (1,17) ont paru aussi plus exposés. Par ailleurs, les jeunes filles étaient plus souvent dépressives (1,35) alors que curieusement être étranger et en mobilité semblait avoir un effet protecteur (0,68). La fréquence des idées suicidaires s’est montrée équivalente chez les étudiants en médecine (8,53 %) et chez les étudiants d’autres disciplines (8,68 %), sans différence cette fois-ci entre les deux sexes (8,99 % chez les garçons, 8,51 % chez les filles).
Cette étude n’est guère rassurante, car certes les étudiants en médecine ne semblent pas plus touchés que les autres. Mais, la prévalence des épisodes dépressifs est malgré tout chez les étudiants considérablement supérieure (15,7 %) à celle retrouvée chez les Français dans leur ensemble au vu du baromètre santé, qui a lui aussi recouru au questionnaire Cidi-SF (9,8 %). La prévalence des idées suicidaires sur un an était aussi double chez les étudiants (8,66 %) par rapport à celle observée au sein de la population générale (4,7 %), y compris chez les jeunes adultes de 18 à 24 ans (3,6 % chez les hommes, 5,6 % chez les femmes). Les auteurs estiment toutefois que l’identification des risques sus-cités pourrait permettre de repérer et mieux prendre en charge les étudiants les plus vulnérables.
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