Une équipe chinoise a publié le 6 mars un article faisant le point sur l’infection du Système Nerveux Central (SNC) par les coronavirus dans Journal of medical virology. Il en ressort que le Sars-Cov-2 à l’origine du Covid 19 peut probablement atteindre le SNC, ce qui pourrait expliquer, en partie – à coté de l’atteinte directe pulmonaire - les symptômes de détresse respiratoire grave chez les patients sévèrement atteints. Les auteurs ont d’abord noté que, sur les 36 sujets en soins intensifs d’une étude chinoise comptant 138 patients hospitalisés pour Covid-19, environ 89% ne pouvaient pas respirer spontanément (41.7% étaient sous ventilation non-invasive, 47.2% sous ventilation invasive). Les formes graves du Covid-19 sont donc très fortement associées à une détresse respiratoire sévère. En parallèle de ces données épidémiologiques, les auteurs ont souligné que l’infection des cellules nerveuses était déjà connue pour de nombreux coronavirus : SRAS, MERS, HCov-229E et HCoV-OC43 (coronavirus humains notamment responsables de rhinopharyngites), bronchite infectieuse aviaire, HEV porcin… Cette invasion par les coronavirus des cellules nerveuses peut toucher le SNC et notamment le tronc cérébral, responsable de l’activité respiratoire rythmique automatique. Dans le cas du Sras, virus analogue génétiquement à 79% avec Sars-CoV-2, et responsable d’une épidémie meurtrière en 2002-2003, des particules virales ont été retrouvées dans des neurones cervicaux de patients ; et la contagion depuis le nez jusque dans le SNC a été démontrée in vivo dans des souris modèles. Par analogie, les auteurs affirment que les détresses respiratoires liées au Covid-19 pourraient s’expliquer par des perturbations du SNC. Infecté par le virus, le tronc cérébral ne prendrait plus en charge correctement le maintien automatique du rythme respiratoire. Bien que les modalités de l’invasion virale du SNC restent à démontrer chez les coronavirus et en particulier pour Sars-CoV-2, les chercheurs supposent que les pathogènes pénètrent par les muqueuses nasales avant d’atteindre des terminaisons nerveuses périphériques. De là, ils arriveraient jusque dans le tronc cérébral en remontant par les synapses. Cette découverte souligne l’importance du masque dans la prévention : il diminuerait l’importance des formes graves de la maladie en limitant la possibilité de contamination par le nez.
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