Des perturbations minimes au cours du développement fœtal humain ont non seulement des conséquences en termes de développement mais aussi en termes de phénotypes car ils peuvent ne pas se manifester pendant des décennies, comme c’est le cas pour le risque de maladies cardio-métaboliques. Pourtant, la grossesse reste un état physiologique mal compris et on connaît mal les mécanismes qui font que l’environnement maternel a des conséquences délétères dans le futur. Des études ont suggéré que le microbiote maternel influençait le risque de maladies cardio-métaboliques chez les enfants. Toutefois le mécanisme reste discuté. Dans un article récent publié dans Science, une équipe japonaise montre que des métabolites dérivés du microbiote intestinal que sont les acides gras à chaînes courtes (AGCC) pourraient servir de molécules de signalisation entre le microbiote intestinal et les organes extra-intestinaux. Or ces AGCC agissent via des récepteurs (GPR41 et GPR43) et régulent l’homéostasie énergétique de l’hôte au niveau du système nerveux sympathique, du tissu adipeux, du pancréas et de l’intestin. Les auteurs se sont donc interrogés sur le rôle possible des AGCC maternels dans la régulation de la susceptibilité aux maladies cardio-métaboliques survenant plus tard à l’âge adulte. Ils montrent que le microbiote maternel au cours de la grossesse induit une résistance à l’obésité ultérieure chez le fœtus. Des souris gestantes élevées en condition sans germe ont des souriceaux très susceptibles au syndrome métabolique avec une exacerbation de l’obésité, de l’intolérance au glucose ainsi qu’une réduction de la dépense énergétique s’ils sont nourris avec un régime riche en graisses lorsqu’ils deviennent adultes. Un phénotype identique est observé chez les souriceaux nés de souris gestantes nourries avec un régime pauvre en fibres pendant la gestation. Si ces souris gestantes élevées sans germe ou nourries avec un régime pauvre en fibres sont maintenant traitées par des AGCC, cela permet aux souriceaux, lorsqu’ils deviennent adultes, de devenir résistants à l’obésité induite par un régime riche en graisses. Les AGCC dans la lumière colique des souris gestantes atteignent l’embryon via le foie maternel et la circulation. Il est à noter que les nerfs sympathiques, l’épithélium intestinal et le pancréas des embryons expriment de manière importante GPR41 et GPR43 par lesquels ils sont sensibles aux AGCC provenant du microbiote maternel intestinal. Le déficit en GPR41 et GPR43 chez l’embryon compromet le métabolisme énergétique du fait d’une dysfonction sympathique et d’une hyperglycémie au cours de la période prénatale. Ainsi, au cours de la gestation, le microbiote intestinal maternel confère une résistance à l’obésité chez les souriceaux par l’intermédiaire de l’axe acides gras à chaînes courtes/GPR41 et GPR43. Le microbiote intestinal des souris gestantes est donc probablement une des raisons environnementales qui règle de manière fine l’homéostasie énergétique chez le souriceau dans la vie ultérieure afin de prévenir le développement de maladies métaboliques.
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