Maladie d’Alzheimer : mieux identifier les signes précoces
A l’occasion de la Journée mondiale Alzheimer, le 21 septembre, l’accent est mis sur l’enjeu du diagnostic précoce, qui doit être renforcé à tous les niveaux, du parcours de soins à la recherche.
Du fait du fléau majeur que constitue la maladie d’Alzheimer (900 000 personnes atteintes de la maladie en France, 60% de femmes), et de l’absence de traitement spécifique disponible actuellement, il apparait fondamental de mieux connaitre les facteurs de risque et les signes avant-coureurs de la maladie, sur lesquels on pourrait agir.
Dans ce domaine, une étude importante a été publiée en 2022 dans le Lancet Digital Health (Nedelec T. et al. Volume 4, Issue 3e169-e178. March 2022). L’équipe de chercheurs français, constituée à la fois de mathématiciens, d’informaticiens, d’épidémiologistes et de médecins, y décrivait une liste de 10 pathologies plus fréquemment rencontrées par les patients qui déclareront une maladie d’Alzheimer dans les 15 ans.
Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont comparé les données issues des dossiers médicaux de près de 40 000 patients souffrant de démence due à la maladie d’Alzheimer (19 458 en France et 20 214 au Royaume-Uni), avec celles d’un groupe témoin de patients indemnes de cette pathologie.
Les pathologies psychiatriques arrivent en tête, avec un premier rang, la dépression, suivie par l'anxiété, et l’exposition à un stress important. On retrouve aussi la perte d’audition, la constipation chronique, la spondylarthrose cervicale, les pertes de mémoire, la fatigue anormale et fréquente, et enfin les chutes répétées et les pertes de poids soudaines.
D’après les auteurs de ce travail, il serait peut-être possible de retarder ou d’empêcher l’apparition de la maladie en détectant le plus tôt possible ces troubles et en agissant sur eux quand c’est possible.
Dans ce même objectif, la Fondation de l’Avenir soutient les travaux de la Dre Florence Rémy, au CerCo à Toulouse, qui s’intéresse depuis longtemps à la phase "silencieuse" et, en particulier aux premières manifestations de la maladie d’Alzheimer. Pour cela, les chercheurs vont suivre, pendant plusieurs années, le devenir cognitif d’un groupe de cent personnes âgées saines afin d’identifier les toutes premières manifestations éventuelles de la maladie d’Alzheimer. Cette étude rétrospective analysera les liens entre les bilans cognitifs des participants et les éventuelles modifications observées en imagerie, sur le plan biologique, ainsi que la dilatation pupillaire évaluée par oculométrie.
"Je suis convaincue que la conception de nouveaux traitements nécessitera de nouvelles connaissances scientifiques sur la manifestation initiale de cette maladie, déclare la Dre Florence Remy. Ainsi, pouvoir identifier, bien en amont, les premiers signes du début de la maladie d’Alzheimer nous aidera à déchiffrer ses mécanismes pathologiques."
Un parcours diagnostique complexe
Le diagnostic précoce, c’est aussi le thème du rapport 2024 de la Fondation Vaincre Alzheimer. L’association souligne, en effet, que, même si aucun traitement spécifique n’est actuellement autorisé en France, les nouvelles immunothérapies qui sont en développement et commercialisés déjà dans certains pays (lécanémab, donanémab) sont utilisables aux stades débutants de la maladie. Cela "souligne l’importance de développer un parcours diagnostique fluide et précoce pour la prise en charge de la maladie. Actuellement, cette pathologie est souvent sous-diagnostiquée et identifiée tardivement", affirme l’association.
De nombreux progrès ont déjà été réalisés. Ainsi, actuellement, on peut identifier la maladie sur des formes cliniques mineures. Les experts se basent sur la neuropsychologie, des biomarqueurs du liquide céphalo rachidien et l’imagerie. Et des avancées récentes faisant appel à de nouveaux biomarqueurs (digitaux, sanguins ou d’imagerie), ainsi qu’à l’intelligence artificielle, sont susceptibles d’accélérer le diagnostic.
Mais "en France, le parcours diagnostique de la maladie d’Alzheimer demeure complexe et présente de nombreux freins, contribuant à un diagnostic encore trop tardif", déplore la Fondation Vaincre Alzheimer. Des recommandations nationales sont en en cours d’élaboration par la Fédération des centres mémoire, avec pour objectif d’améliorer ce parcours. Plusieurs pistes sont mentionnées dans le rapport et notamment la nécessité de renforcer le repérage en médecine générale, et de réduire les délais d’adressage en consultation mémoire et de réalisation des examens.
Il s’agit aussi de sensibiliser davantage le grand public sur les bénéfices d’un diagnostic précoce, et de renforcer la formation des professionnels de santé. La balle est aussi dans le camp des pouvoirs publics qui "doivent également investir dans une meilleure organisation des soins pour accueillir l’ensemble des malades qui souhaitent bénéficier d’un diagnostic précoce et d’un accès aux futurs traitements". Enfin, la recherche doit être mieux soutenues financièrement.
Références :
Communication de la Fondation de l’Avenir (19 septembre). Rapport 2024 de la Fondation Vaincre Alzheimer. La recherche médicale spécialisée dans la maladie d’Alzheimer : Diagnostiquer la maladie d’Alzheimer : Où en sommes-nous ? Quel futur pour les malades
Nedelec T. et al. The Lancet Digital Health, Volume 4, Issue 3, e169 - e178
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