Oncologie : que retenir du congrès de l’Esmo ?
Le congrès de l’European society of medical oncology (Esmo, qui vient de se dérouler à Barcelone (13-17 septembre), a fait la part belle aux nouveaux traitements et combinaisons d’immunothérapie, ainsi qu’à l’intelligence artificielle (IA)
Cancer du poumon : double immunothérapie
Dans le cancer du poumon, tout d’abord, des résultats prometteurs d'une étude de phase 2, Relativity-104, ont été présentés, concernant des patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules métastatique. Actuellement, le traitement de référence de ce cancer repose sur une chimiothérapie associée à une immunothérapie par anti PD-1.
Dans cet essai randomisé, une combinaison de deux immunothérapies, cette fois, (le relatlimab, un anticorps anti-LAG 3, en plus du nivolumab, l’anticorps anti-PD1) a été associée à la chimiothérapie. "En visant une deuxième cible du système immunitaire et en combinant ces traitements, il semble qu'on améliore les taux de réponse ", s'est félicité auprès de l'AFP Nicolas Girard, oncologue à l'Institut Curie à Paris. Il ajoute : " les résultats positifs que nous présentons à l’Esmo préfigurent l’immunothérapie de demain et nous montrent qu’il faut poursuivre cette stratégie d’agir sur plusieurs voies de stimulation du système immunitaire". Une étude de phase 3 devrait être lancée.
Résultats prometteurs en pré-chirurgie
L'immunothérapie a, par ailleurs, de plus en plus sa place, avant la chirurgie, en association à la radiothérapie. Cette stratégie améliore la survie globale des patients dans un nombre croissant de cancers (sein, vessie, col de l'utérus...).
Mais il semble aussi que des traitements donnés avant la chirurgie permettent de plus en plus de "préserver les organes" lors d'un cancer, a expliqué à l’AFP Fabrice André, directeur de la recherche du centre français anti-cancer Gustave-Roussy. "Or, la préservation des organes, c'est absolument majeur pour avoir une qualité de vie qui se rapproche le plus possible de la norme", a-t-il souligné.
Une nouvelle étude a notamment montré des résultats encourageants sur la capacité à préserver le rectum lors d'un cancer, grâce aux traitements néo-adjuvants, qui ont permis une disparition complète de la tumeur. "Jusqu'à présent, le standard c'était la chirurgie mais il semble que nous entrons dans une nouvelle ère, dans laquelle l'opération pourra être évitée", s'est réjoui David Sebag-Montefiore, oncologue et professeur à l'université de Leeds (Grande-Bretagne).
Des études de ce type dans d'autres cancers comme ceux de la sphère ORL ou du poumon, pourraient être lancées.
Un cancer gestationnel presque éradiqué
Des résultats extraordinaires ont, par ailleurs, été obtenus avec une association d'immunothérapie et de chimiothérapie contre un cancer trophoblastique gestationnel, un cancer rare (1 grossesse sur 10 000), qui est développé à partir du placenta chez les femmes enceintes.
Ainsi l’étude Trophamet a montré que l’association d’avélumab et de méthotrexate permettait d’obtenir une guérison dans 96% des cas (25 sur 26). "Un résultat exceptionnel", s'est réjoui Benoît You, cancérologue aux Hospices civiles de Lyon (France), qui a présenté cette étude.
Cancer du sein : une radiothérapie écourtée
L’étude de phase III HypoG-01, a démontré qu’un traitement radiothérapique de 3 semaines est équivalent au traitement de référence de 5 semaines, et doit donc devenir le nouveau standard de traitement au niveau mondial pour toutes les femmes atteintes d’un cancer du sein avec envahissement ganglionnaire. Cette nouvelle stratégie consiste en 3 semaines de radiothérapie hypofractionnée (15 séances contre 25) mais avec une dose de rayons supérieure à chaque séance (2,67 contre 2 Gy par séance). Les résultats de l’étude ont alors montré que les patientes du groupe hypofractionné ne présentaient pas plus d’apparition de lymphœdèmes que dans le parcours standard. En outre, les divers taux de survie étaient aussi semblables dans les 2 groupes.
Des résultats rassurants ont par ailleurs été obtenus concernant l’allaitement après un cancer du sein. Ainsi, selon deux études internationales présentées à Barcelone, les femmes qui allaitent après avoir reçu un traitement contre le cancer du sein ne sont pas confrontées à un risque accru de récidive. C'est également vrai pour celles porteuses d'une mutation génétique (BRCA). "Ces résultats sont essentiels pour les femmes qui souhaitent tomber enceintes et allaiter leur bébé après un cancer du sein", a déclaré Fedro Alessandro Peccatori, directeur de l'unité de procréation de l'Institut européen d'oncologie, à Milan (Italie), co-auteur d'une étude
Une intelligence artificielle de deuxième génération
Enfin, un modèle à base d'intelligence artificielle de "deuxième génération" pourrait ouvrir la voie aux traitements du futur. Cet algorithme gigantesque travaille, en effet, à partir d'une banque de données de plus d'un milliard d'images de tumeurs provenant de quelque 30 000 patients aux Etats-Unis. "Un changement d'échelle" pour ce modèle capable de "détecter un certain nombre d'anomalies moléculaires et mutations que l'oeil humain n'est pas toujours en mesure de voir", a expliqué Fabrice André.
A terme, les médecins misent sur cette aide de l'IA pour être en mesure de proposer des traitements personnalisés à chaque patient.
Références :
AFP. Communiqué de l’Institut Curie (14 septembre)
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