« Pendant la première phase de l’épidémie Covid-19, une baisse importante des hospitalisations en unités de soins intensifs cardiologiques a été observée en France : 2,6 patients jour contre 4,6 patients jour dans 9 centres investigués. Ce phénomène a aussi été décrit aux États-Unis avec une baisse de 50 % de l’incidence des hospitalisations pour infarctus ST+ et ST- », explique le Pr Sandrine Charpentier, chef de service des urgences au CHU de Toulouse. Dans le même temps, une hausse des appels au Samu et des consultations aux urgences pour douleurs thoraciques a été relevée. Une étude américaine a aussi montré que les recherches sur Google sur les douleurs thoraciques avaient augmenté à ce moment. « La typologie de ces douleurs thoraciques pose question, alors que cette augmentation n’a pas été constatée en France lors de la seconde vague d’infection de l’automne », indique le Pr Charpentier. « On ignore quelle est la part des douleurs anxiogènes, ou liées à l’infection Covid-19 dans ces douleurs. Cependant, une étude du Samu-93 sur 1487 patients a révélé que 20 % des malades restés à la maison, infectés par le Sars-CoV-2, ont développé de telles douleurs thoraciques ».
Certaines de ces douleurs pourraient être associées à l’atteinte pleuro-pulmonaire par la Covid-19, ou résulter d’embolies pulmonaires, dont le risque est mieux connu qu’au début de la pandémie. « Mais, on sait aussi que le virus peut déterminer des atteintes myocardiques multiples par des mécanismes divers, lésions directes avec myocardite, infarctus secondaires à des thromboses coronaires ou, comme dans le cas d’autres syndromes de détresse respiratoire aiguë, infarctus de type 2 par hypoxie du myocarde sans occlusion coronaire du fait de l’inadéquation entre les besoins et les apports en oxygène. Trente-six pour cent des patients avec une pneumonie consécutive au Covid-19 présentaient d’ailleurs une élévation des taux de troponine. En général, l’élévation de ce marqueur n’était pas très forte, mais parfois l’augmentation était importante et alors associée à une mortalité accrue », complète le Pr Charpentier. Des cardiopathies de stress de type tako-tsubo ont également été observées, et, comme chez l’enfant, quelques atteintes Kawasaki-like impliquant des phénomènes immunitaires ont été relevées 4 à 5 mois après l’infection Covid 19 chez des patients adultes. « On n’a pas encore assez de recul pour l’instant pour savoir si les malades avec des douleurs thoraciques, des signes de myocardite, une élévation de la troponine conserveront ou non des séquelles à terme », admet le Pr Charpentier.
Des diagnostics d’infarctus retardés On manque aussi de données pour expliquer la réduction du nombre de syndromes coronariens vue pendant la première vague d’infection Covid-19, savoir si davantage de patients sont décédés à domicile par arrêt cardiaque. Toutefois, le registre Isacs-Stemi Covid-19 confirme sur 6 609 patients de 77 centres européens, outre une baisse de 19 % des angioplasties primaires pour infarctus ST+, une augmentation des temps d’ischémie et des délais de réalisation de la procédure, avec comme corollaire une augmentation de la mortalité. « Très probablement, certains patients ne se sont pas dirigés vers les services de santé alors qu’ils avaient développé un infarctus du myocarde », pense le Pr Charpentier. Les conseils sont aujourd’hui, en cas de douleur thoracique, d’appeler le Samu comme il est habituellement recommandé. Les médecins généralistes s’ils voient les malades, pourront pratiquer un électrocardiogramme (ECG) à visée diagnostique. « Les patients coronariens doivent revenir rapidement vers les services de santé, et ne pas avoir peur de consulter, vu les mesures de précaution prises dans les hôpitaux contre l’infection Covid-19. Ils seront incités à se vacciner le plus rapidement possible contre le Sars-CoV-2 », insiste le Pr Charpentier.
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