Prévention de la bronchiolite : mobilisation générale !

  Les données épidémiologiques justifient cette prévention. Ainsi, avant 2020, les épidémies de bronchiolite étaient globalement similaires. Mais "l’année 2020 a tout changé", affirme la Dre Caroline Semaille, Directrice générale de Santé publique France (SpF). En effet l’épidémie, cette année-là, de même que celle de la saison suivante, a été précoce et de faible intensité. En revanche, celle de la saison dernière (2022-2023) a été particulièrement forte, en durée (16 semaines, avec un début très précoce) et en intensité. Ainsi, selon les données Oscour, 94 777 passages aux urgences d'enfants de moins de 2 ans pour bronchiolite ont été recensés (15,9% de l’ensemble des passages aux urgences), à l’origine de plus de 33 000 hospilisations (dont entre 2000 et 4000 en soins intensifs). Les chiffres établissent aussi clairement que ce sont les plus jeunes enfants qui sont les plus à risque de développer des formes graves. Ainsi les moins de 3 mois représentent 31% des passages aux urgences, mais 49% des hospitalisations et 60% de celles en soins intensifs. En outre, l’année dernière a montré à quel point cette épidémie peut "désorganiser le système de santé" souligne la Pre Christèle Gras Le Guen, pédiatre, cheffe du service pédiatrie du CHU de Nantes et ancienne présidente de la Société française de pédiatrie. Pour la saison à venir, la Dre Semaille évoque une activité faible pour le moment, mais avec cependant une hausse des passages aux urgences. "C’est faible mais il faut être très prudent", souligne-t-elle.   Gestes barrières adaptés Pour les sociétés savantes partie prenantes, la prévention de la bronchiolite passe donc "d’abord par l’application des mesures d’hygiène".  A côté du lavage des mains, et du nettoyage régulier des surfaces, elles insistent sur la nécessité d’éviter les lieux publics confinés avec un bébé. Cela concerne par exemple les supermarchés, les centres commerciaux, les transports en commun… mais aussi les fêtes familiales. Le tabac est aussi à proscrire. Et il est conseillé pour les adultes enrhumés, de mettre un masque. Une campagne de communication en ce sens, devrait être lancée prochainement pour lutter contre les épidémies hivernales.   Efficacité de l’immunoprophylaxie Concernant le nirvesimab – qui s’ajoute à l’autre anticorps monoclonal, le palivisumab (Synagis) - , le vaste programme de développement clinique (près de 12 000 nourrissons) a montré une baisse sur les consultations de l’ordre de 75%, et même de 62 à 83% sur les hospitalisations en réanimation. "Les cas les plus graves étant chez les tout petits, on souhaite pouvoir vacciner le plus tôt possible, donc dès la maternité", complète la Pre Gras Le Guen. Selon elle, les retours de ce premier week-end de dispensation du nirvesimab en maternité, sont positifs avec, semble-t-il, une bonne acceptabilité des parents. Un contrat a été passé avec le laboratoire Sanofi pour sécuriser la saison 2023-2024 par l’établissement d’un stock de 200 000 doses, qui seront administrées gratuitement. Pour les saisons suivantes, il y aura une base de remboursement par l’Assurance maladie.