Mpox

Variole du singe : l'OMS déclenche son plus haut niveau d'alerte, le nouveau variant détecté en Europe

Face à la résurgence de cas de Mpox en Afrique, l'Organisation mondiale de la santé a réuni mercredi 14 août son comité d'urgence, à l'issue duquel elle a déclenché son plus haut degré d'alerte au niveau international. Un premier cas de clade 1b – nouvelle souche plus dangereuse – a par ailleurs été détecté en Suède.

16/08/2024 Par Louise Claereboudt
Infectiologie Mpox
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"L’émergence d’un nouveau clade du Mpox, sa propagation rapide dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et la notification de cas dans plusieurs pays voisins sont très préoccupantes. Si l’on ajoute à cela les épidémies imputables à d’autres clades du Mpox en RDC et dans d’autres pays d’Afrique, il est clair qu’une action internationale coordonnée est nécessaire pour enrayer ces épidémies et sauver des vies", a indiqué le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, mercredi, en déclenchant l’urgence de santé publique de portée internationale. Son plus haut niveau d'alerte.

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé a pris cette décision après avoir convoqué le comité d'urgence un peu plus tôt dans la journée réunissant 15 experts indépendants. "Le comité a indiqué au directeur général qu’il considérait que la recrudescence du Mpox constituait une urgence de santé publique de portée internationale, susceptible de se propager dans d’autres pays d’Afrique, voire en dehors du continent", peut-on lire dans un communiqué de l'agence onusienne diffusé mercredi.

L'OMS avait déjà pris la même décision en juillet 2022, lorsqu'une épidémie de Mpox s'était étendue à travers le monde. Une centaine de pays où la maladie n'était pas endémique avait été concernée par cette épidémie, portée par le clade 2, touchant principalement des hommes ayant des relations avec des hommes. L'épidémie avait alors fait quelque 140 morts sur 90 000 cas. L'urgence de santé publique de portée internationale avait été levée en mai 2023 à la suite d'une baisse drastique du nombre de cas.

Pour rappel, le Mpox a été découvert pour la première fois chez des humains en 1970 dans l'actuelle RDC (ex-Zaïre), avec la diffusion du clade 1, principalement limitée depuis à des pays de l'ouest et du centre de l'Afrique, les malades étant généralement contaminés par des animaux infectés.

"De nombreux membres du comité d'urgence sont d'avis que ce qui se passe en Afrique est en fait le sommet de l'iceberg, que le défi est plus grand et qu'en raison des faiblesses du système de santé, nous n'avons pas une vue d'ensemble du fardeau que représente le Mpox", a précisé le président du groupe d'experts, le Pr Dimie Ogoina, lors d'une conférence de presse. "Tous" les membres du comité ont déclaré que les critères étaient réunis pour déclencher cette urgence de santé publique de portée internationale.

La veille, l'agence de santé de l'Union africaine avait déjà déclaré l'"urgence de santé publique" face à la hausse des cas sur le continent, lançant "un appel clair à l'action" pour enrayer la propagation de l'épidémie. D'après des données publiées la semaine dernière par l'agence de santé Africa CDC, 38 465 cas de variole du singe ont été recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, pour 1 456 décès, avec notamment une hausse de 160% des cas en 2024 comparé à l'année précédente.

Un premier cas de clade 1b détecté en Europe

La situation est complexe, avec "plusieurs flambées" dans plusieurs pays, "chacune avec un mode de transmission et un niveau de risque différents". L'épidémie actuelle, partie de la République démocratique du Congo (RDC), a ses spécificités, en premier lieu un virus plus contagieux et dangereux. Elle est provoquée par le clade 1 et par une variante encore plus dangereuse, le clade 1b. Son taux de mortalité est estimé à 3,6%, indique l'AFP. Contrairement aux autres souches, le clade 1b fait apparaître des éruptions cutanées sur tout le corps.

"L’apparition, l’année dernière, d’une nouvelle souche virale en RDC, le clade 1b, sa propagation rapide qui semble passer avant tout par les réseaux sexuels, et sa détection dans les pays voisins de la RDC sont particulièrement préoccupantes et constituent l’une des principales raisons de la déclaration" de cette urgence de portée internationale, explique l'OMS dans son communiqué. "Au cours du mois dernier, plus d’une centaine de cas confirmés en laboratoire d’infection par le clade 1b ont été signalés dans quatre pays voisins de la RDC qui n’avaient jamais signalé de Mpox auparavant : le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda", ajoute l'agence. Un nombre probablement "plus élevé" en réalité.

Selon le Pr Ogoina, la plupart des décès en RDC sont des enfants. En outre, "nous observons également une tendance à la transmission hétérosexuelle du Mpox", a-t-il dit.

Un premier cas du nouveau variant de la maladie a par ailleurs été découvert en Suède. Il s'agit d'une personne vivant dans la région de Stockholm, diagnostiquée comme porteuse du sous-type clade 1. "La confirmation du Mpox du sous-type clade 1 en Suède reflète clairement l'interconnexion de notre monde [...] Il est probable que d'autres cas importés de clade 1 soient enregistrés dans la région européenne au cours des prochains jours et des prochaines semaines", a indiqué jeudi la branche européenne de l'OMS.

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