“Depuis un an, les mesures de la 'mission flash Braun', destinées à atténuer l’impact des dysfonctionnements de l’été 2022, ont été prorogés à plusieurs reprises. Une des mesures phare de cette mission correspondait au doublement du paiement du montant de la garde, alors qu’après arbitrage de la Première ministre seule une augmentation de 50% de ces indemnités a été accordée. Aucune mesure nouvelle ou modification systémique n’a été proposée, ce qui a amené une aggravation des difficultés durant l’été 2023”, souligne Samu-Urgences de France (SUdF) dans un communiqué.
Dans ce contexte, SUdF a souhaité dresser un bilan de situation sur les mois de juillet et août 2023. 57% des SAU, 92% des Samu et 54% des Smur y ont participé. Voici les cinq grands chiffres à en retenir :
-1 service d'accueil des urgences (SAU) sur deux a fermé une ligne médicale
D'après cette enquête, 57% des SU ont déclaré avoir fermé au moins une ligne médicale ; 41% ont même été contraints de fermer plusieurs lignes.
SUdF précise que les fermetures étaient continues pour 44%, fréquentes pour 41% et ponctuelles pour 15%.
- 163 SAU ont fermé au moins ponctuellement faute de ressources humaines
C’est-à-dire qu’ils n’ont pas pu être en mesure d’accueillir des patients se présentant spontanément ou qui étaient adressés par le 15. “Lors des fermetures, un accueil physique est maintenu dans 80% des service afin de communiquer des informations aux éventuels patients se présentant, les aider dans la réorientation, et assurer la prise en charge d’une éventuelle urgence vitale se présentant de manière inopinée”, précise la structure.
- 54% des SAU interrogés ont déclaré avoir recours à des mesures de réorientation pour diminuer le flux de patients. Dans le détail, cette réorientation s’exerce à 37% vers d’autres SAU de proximité et à 83% vers la médecine libérale (centre de soins non programmés, médecin traitant, maison de santé pluriprofessionnelle…).
-70% des Smur ont été amenés à fermer au moins une ligne cet été. Des fermetures ont été observées, au total, dans 59 départements. “On observe malheureusement, et c’est une nouveauté, que le Smur est devenu une variable d’ajustement, de manière répétée et sur tout le territoire, pour répondre aux difficultés de fonctionnement occasionnées par cette crise. Au fil des crises se succédant ces dernières années, SUdF a toujours dressé un plafond de verre qui consistait à sanctuariser et sécuriser, en tout lieu et en tout moment, des Smur sur le territoire national (...). L’été 2023 aura été celui de la désintégration de ce plafond de verre”, écrit SUdF dans son communiqué.
- 75% des Centres 15 expriment avoir eu besoin cet été de renfort supplémentaires en ARM
En conséquence, le syndicat, qui qualifie la dégradation “d’inexorable”, demande à prendre des mesures pour fluidifier l’aval des urgences, à reconnaître et valoriser la pénibilité du travail en PDS de 100%, en engageant une réflexion nationale sur le maillage des structures d’urgence, en travaillant sur l’attractivité hospitalière et en poursuivant, notamment, l’allocation des moyens nécessaires aux Samu, SAS et aux Smur.
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