"Je ne serai pas le ministre des promesses inconsidérées" : au Mans, Braun lance officiellement le CNR Santé

03/10/2022 Par Louise Claereboudt
Politique de santé
Le ministre de la Santé a donné le coup d’envoi du volet santé du Conseil national de la refondation (CNR), ce lundi 3 octobre, au Mans. Objectif : trouver des remèdes pour sauver le système de santé.  

 

Tous les acteurs de la santé étaient réunis au Mans ce lundi 3 octobre pour lancer officiellement le volet santé du Conseil national de la refondation (CNR) – dont les enjeux sont considérables tant le diagnostic est alarmant. "Le diagnostic, on le connaît, il est partagé", a déclaré le ministre de la Santé, François Braun, ouvrant ainsi les débats avec les soignants, les élus locaux et les patients, invités à "discuter librement sur les solutions, pas sur les problèmes"

Car l’heure est à l’urgence, a alerté François Braun : "L’accès universel à notre système de santé est fragilisé." Six millions de Français n’ont pas de médecin traitant, dont 600.000 patients en ALD. Pour François Braun, qui a dit ne pas vouloir être un "ministre du diagnostic" mais de "l’action", les remèdes pour guérir le système de santé ne viendront cependant "pas de l’avenue de Ségur". "Les problèmes sont dans les territoires, les solutions aussi."  

 

Aux côtés de sa ministre déléguée à l’Organisation territoriale et aux Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, François Braun a souhaité que "tout ce qui permet les initiatives locales soit encouragé et aidé". Face au maire du Mans, Stéphane Le Foll, il a promis des discussions "sur la place des élus" et "l’attractivité des territoires". "Les élus ont un rôle central à jouer", a abondé Agnès Firmin Le Bodo, vantant la qualité de "relais clé" de ces "maillons essentiels". 

"Il faut maintenant aller au-delà des postures et travailler main dans la main", a-t-elle déclaré, alors que les propositions de loi visant à restreindre la liberté d’installation des médecins se multiplient. "Les Français attendent de nous des réponses à très court terme pour l'égal accès la santé." Lors d'un point presse, le ministre de la Santé a toutefois précisé que la régulation à l'installation "ne marche pas", bien qu'elle n'est pas "hors du débat""Vous allez déshabiller Pierre pour habiller Paul."

 

"Responsabilité partagée" 

François Braun a tenu à répondre aux médecins libéraux, inquiets de voir la médecine de ville dévalorisée. "J’entends dire que nous ne serions pas prêts à miser sur la médecine libérale dans ce pays ? Je vais vous dire, mon père, mon oncle, mon grand-père étaient médecins généralistes… je sais intimement toute la place qu’occupe la ville dans notre réponse aux besoins de santé. Je le sais aussi de la place de l’hôpital où j’exerçais il y a encore quelques mois." 

"Nous sommes prêts à donner les moyens à l’Assurance maladie d’investir dans cette convention. Mais les partenaires conventionnels devront s’engager : liberté et responsabilité, droits et devoirs, revalorisation et contrepartie. Quels que soient les termes utilisés, il y aura un équilibre à trouver pour progresser ensemble. Et j’ai l’espoir, et même la conviction, que nous le trouverons", a-t-il assuré à quelques semaines du lancement des négociations sur la future convention médicale. 

 

"Je ne serai pas le ministre des promesses inconsidérées" 

Le ministre de la Santé a évoqué plusieurs axes d’actions, qui seront les priorités dans le cadre de ce CNR. A commencer par la lutte contre les déserts médicaux. "Je le redis et je l’assume : je ne serai pas le ministre des promesses inconsidérées, car il n’existe pas de solution miracle […] Mais je ne me résigne pas pour autant. Je l’ai dit, je veux que chaque Français d’ici la fin du quinquennat, trouve, s’il le souhaite, un médecin traitant ; en particulier les plus fragiles d’entre eux", a-t-il déclaré. 

Il a déclaré vouloir poursuivre plusieurs réformes déjà engagées : accélérer dans le champ de la prévention, augmenter le nombre d’assistants médicaux ("je souhaite le porter à 10.000 à horizon 2025"), développer les communautés professionnelles territoriales de santé ("je souhaite que tout le territoire soit couvert par des CPTS fin 2023"), multiplier les MSP, "généraliser le service d’accès aux soins dès l’année 2023", etc. 

Feront également partie des débats, des sujets épineux, comme la question du partage de compétences entre professionnels de santé - pour laquelle Braun s'en remet aux ordres pour "proposer des 'bougés' très concrets", faute de quoi l'exécutif "prendra ses responsabilités" -, les soins non programmés, la poursuite de la rénovation des formations initiales des professions de santé, etc. 

Le Gouvernement semble vouloir avancer rapidement sur ces dossiers. Ainsi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale – qui doit être examiné dès le 10 octobre à l’Assemble nationale – aura "vocation à être enrichi par les propositions issues du CNR santé", une instance "complémentaire" de "la démocratie parlementaire", a expliqué François Braun. 

Parallèlement, le Président de la République a appelé les Français à "apporter [leurs] idées et bâtir ensemble l’avenir de la France" en se rendant sur la plateforme dédiée au conseil de la refondation.  

[avec AFP] 

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