Engagement des futurs médecins dans les territoires, soutien aux généralistes, 100% Sécu… Le programme santé de Mélenchon

28/03/2022 Par Marion Jort
Jean-Luc Mélenchon entend procéder à une “révolution citoyenne de notre système de santé” s’il est élu au second tour le 24 avril prochain. Exercice coordonné, CESP, projet “100% Sécu”, hôpital plus humain et attractif... Egora vous propose un décryptage du programme santé du candidat. 

  Le candidat La France Insoumise (LFI) à la présidentielle a décidé d’axer son programme santé autour de quatre grands piliers : un système de système de santé égalitaire et accessible à tous, la démocratisation des politiques de santé, une hausse des financements et enfin, la prévention.    “Un système de soins complet et de qualité” : les propositions pour la ville “Une réforme progressiste et globale de l’offre de soins s’impose”, estime Jean-Luc Mélenchon, qui commence par détailler plusieurs mesures axées autour de la coopération : mise en place d’un service public de soins primaires organisé autour de centres de santé avec des professionnels de santé salariés, refonte du service public hospitalier articulé avec le service public de soins primaires et une réorganisation du secteur médico-social et psychiatrique.  Bien sûr, la lutte contre la désertification médicale est présente dans son programme. Jean-Luc Mélenchon propose d’ailleurs une quinzaine de mesures en ce sens, à commencer par un maillage des territoires avec des centres de santé pluri-professionnels, en misant sur un exercice des soins primaires “en lien avec les hôpitaux publics de secteur”. Toujours dans une même idée de coopération, il promet de créer des postes salariés d’infirmières de pratique avancée (IPA) et “d’intégrer explicitement les sages-femmes en tant que professionnelles de soins primaires et ouvrir la prescription au nécessaire à leur exercice”. 

A propos des soins non programmés, l’insoumis entend mettre en place une rotation de permanence de soins en centre de santé via un quota horaire mensuel à effectuer en zone de désert médical régionale. Cela serait valable aussi bien pour les généralistes que les spécialistes. Niveau organisation, il propose d’assurer cette permanence quatre à douze heures mensuelles. Les vacations seront organisées au sein d’assises régionales.  Les généralistes sont aussi au cœur de son programme, car Jean-Luc Mélenchon veut lutter contre leur surmenage en organisant une régulation en amont des consultations pour permettre “une meilleure orientation des patients et une décharge d’activité”, sans toutefois fournir plus de précisions.    Adapter la formation des futurs médecins Il l’avait annoncé il y a plusieurs mois : le candidat LFI veut réviser la formation des futurs médecins et leur permettre d’étudier “dans des conditions correctes” jusqu’à la fin de leur internat. Il leur promet ainsi 1063 euros bruts mensuels de “garantie d'autonomie" et s’engage à “reconnaître leur travail en stage” tout le temps qu’ils seront étudiants. S’il avait proposé à l’origine de contraindre les jeunes praticiens à exercer dix ans dans un désert une fois diplômés, Jean-Luc Mélenchon est finalement revenu sur sa proposition. Karim Khelfaoui, co-animateur du livret santé de la France insoumise, membre du Parlement de l'Union Populaire confirme à Egora que le politique a “beaucoup travaillé” sur le sujet et n’est pas favorable à la coercition, lui préférant un “modèle incitatif”. La quatrième année d’internat de médecine générale n'apparaît d’ailleurs pas non plus dans son programme, “même si on pourra en discuter”, indique le généraliste marseillais.  Pour aller plus loin, le candidat veut aussi “rendre effective” la fin du numerus clausus, supprimé sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, donner plus de moyens aux universités pour augmenter les capacités de formation et rouvrir la possibilité de redoublement de la première année. Sur le plan démographique, il s’engage enfin à signer un minimum de 10.000 contrats d’engagement de service public (CESP) avant la fin du quinquennat s’il est élu, pour aider les futurs médecins qui le souhaitent à s’installer dans les déserts et leur donner la possibilité d’en connaître les spécificités.    Rendre l’hôpital “plus humain et attractif”  Première mesure promise par le candidat d’extrême gauche concernant l’hôpital : une augmentation immédiate de tous les salaires, couplée à l’engagement de recrutement pluriannuel de 100 000 soignants et médecins supplémentaires à l’hôpital (et de 300 000 dans le secteur médico-social et les Ehpad). Ces mesures sont accompagnées de la promesse de la titularisation des soignants contractuels. En parallèle, il souhaite reconnaître la pénibilité de leurs fonctions (travail de nuit et le week-end) et assurer le remplacement du personnel absent “par un fonctionnement avec 120 % de l’effectif cible”.  Sur le financement, Jean-Luc Mélenchon veut mettre fin au “tout T2A”, qui serait réservé, sous son quinquennat, uniquement aux actes techniques, standardisés et programmés. Les spécialités visant à traiter des pathologies plus globales seraient financées par une dotation et les soins palliatifs payés à la journée. Il entend aussi mettre fin aux dépassements d'honoraires “dans une réforme plus profonde du financement”, sans préciser laquelle.  Il s’engage à rouvrir des services d'urgences et maternités de proximité “afin d’assurer un service de santé public à moins de 30 minutes de chaque Français”.    Système de santé solidaire et démocratique S’ils sont élus, les insoumis promettent des assises participatives de la médecine de proximité, organisées dans chaque région “afin de solutionner collectivement les problématiques de désertification médicale et d’accès aux soins”. Ils prévoient aussi d’instaurer un “100% Sécu” de tous les soins de santé prescrits, valables également sur le dentaire, l’optique et l’auditif. Ils veulent par ailleurs supprimer l’Objectif national de dépenses de l’Assurance maladie (ONDAM).  Très décriées par les médecins, les ARS seront remplacées par des unités territoriales de santé (UTS) et d’union départementales de santé (UDS). Des citoyens y seront intégrés pour aider à la prise de décisions.    Prévention  Pour "réduire les inégalités sociales” de santé, la protection maladie deviendra un “droit universel”, si le candidat est élu. Il promet aussi de légaliser le cannabis et d’affecter les recettes des taxes sur le cannabis à des programmes de lutte contre les addictions ainsi que d’intensifier la lutte contre la consommation de tabac et d’alcool.  Sur le plan environnemental, Jean-Luc Mélenchon souhaite supprimer les OGM et bannir les pesticides nuisibles et éradiquer “les maladies chroniques liées à la malbouffe” grâce au plan national santé environnement. 

  Santé numérique “Pour empêcher la marchandisation de nos données de santé et lutter contre l’uberisation de la santé”, le candidat insoumis mise sur la sanctuarisation des fichiers nationaux de l'Assurance maladie, l’interdiction d’une activité unique de téléconsultation et le développement d’un service public de prise de rendez-vous en ligne. Il appelle enfin à suspendre “tout transfert de données” sur le Health Data Hub.     

La santé mentale, priorité du quinquennat de Jean-Luc Mélenchon

“La logique de la médicalisation à outrance de la ‘santé mentale’ est un échec et la source de drames humains silencieux”, écrit le candidat LFI pour qui la psychiatrie “doit avoir les moyens humains et financiers de fonctionner”. En proposant d’en faire l’une des priorités s’il était élu, il promet un plan national de la psychiatre et de la pédopsychiatrie, en garantissant un renforcement des moyens financiers et humains dans les services dédiés, la simplification des parcours de soins en santé mentale et l’augmentation du temps alloué à la psychiatrie dans les formations aux métiers du soin. 

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