Face à la "poussée incroyable" du variant anglais, des médecins appellent à reconfiner
“Sans confinement, les chances de contrôler l’épidémie sont minces”, affirmait ce dimanche 7 février le Pr Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique, dans les colonnes du Journal du Dimanche. Alors que le Gouvernement a choisi de ne pas reconfiner les Français une troisième fois, le professeur de l’Institut Pasteur a indiqué que “les mesures que l’on prend aujourd'hui sont efficaces sur le virus de 2020, toujours majoritaire. Tout se jouera sur notre capacité à contrôler la progression du variant anglais”. Sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, ce mercredi 10 février, le Dr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon, à Paris, a déclaré que “retarder l'inéluctable est un pari hasardeux”, ne voyant pas “comment on pourrait échapper à un reconfinement sur le strict point de vue sanitaire”, au moins local. Ce dernier a en effet décrit une situation “alarmante” liée à la “poussée incroyable” du variant britannique sur notre sol avec “autour de 39% de nouvelles contaminations liées au variant anglais”. Par ailleurs, l’infectiologue a alerté sur la situation hospitalière particulièrement tendue. “On a des clusters de variant anglais dans les hôpitaux parisiens, mélangeant soignants et soignés. Dans mon service, sur 13 lits, on a déjà eu trois ou quatre cas de variant”, a-t-il expliqué.
Le Pr Gilles Pialoux constate "une poussée incroyable" du variant anglais en Ile-de-France pic.twitter.com/FW8G3A7oba
— BFM Paris (@BFMParis) February 10, 2021
Face à cette situation de tensions, le directeur médical de crise de l’AP-HP, Bruno Riou, a appelé dans une tribune publiée dans Le Monde à confiner “vite, fort, mais le moins de temps possible”, assurant que l’épidémie n’est pas contrôlée, et le sera d’autant moins avec la montée en puissance du variant anglais. “Il deviendra prédominant dans quelques semaines sans que personne n’imagine sérieusement pouvoir limiter ce processus”, a-t-il prévenu. “Il ne faut plus avoir peur d’un confinement total, à condition qu’il soit de courte durée : c’est la seule stratégie qui a démontré son efficacité dans de nombreux pays, y compris le nôtre, en attendant qu’une proportion suffisante de la population soit vaccinée, ce qui ne sera effectif que dans plusieurs mois”, a préconisé le Pr Riou, par ailleurs doyen de la faculté de médecine Sorbonne Université. Selon un article du Canard enchaîné, paru ce mercredi, le président de la République se serait agacé des scientifiques qui n'ont que cette solution à lui proposer. “J'en ai marre de ces scientifiques qui ne répondent à mes interrogations sur les variants que par un seul scénario : celui du reconfinement”, se serait-il exclamé lors du conseil de défense sanitaire du 3 février, ajoutant que tout devait être fait pour “éviter un reconfinement”. La déclaration du porte-parole du Gouvernement, Gabriel Attal, ce mercredi, a confirmé la volonté de l'exécutif de ne pas reconfiner. Ce dernier a assuré qu'"Il existe bien un chemin pour éviter le reconfinement", à l'issue du Conseil de défense. "Il n'est pas large mais il existe et nous aurions tort de ne pas tout mettre en oeuvre pour y parvenir", a-t-il précisé. Le porte-parole a toutefois précisé que "la situation reste fragile", avec des disparités territoriales, des contaminations toujours élevées, la progression des variants, et une campagne de vaccination "à flux tendus". [avec actu.fr, BFM TV, et lemonde.fr]
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