Véran reconnaît "un manque de clarté dans la communication et l'explication de la campagne vaccinale"

11/01/2021 Par Louise Claereboudt
Politique de santé
Ce dimanche 10 janvier, le ministre de la Santé était l’invité du Grand Rendez-Vous Europe 1/Cnews/Les Echos. L’occasion pour Olivier Véran de revenir sur la campagne de vaccination qui doit s’intensifier avec, notamment, les premières doses du vaccin Moderna. Le ministre a tenté de rassurer quant à l’identification de plusieurs cas du variant britannique du Covid, mais n’a pas exclu de prendre des mesures plus strictes si la situation devenait incontrôlable.
 

“Nous nous donnons tous les moyens pour empêcher la diffusion du variant anglais” qui a plongé le Royaume-Uni dans une situation “catastrophique”, a déclaré ce dimanche le ministre de la Santé, invité du Grand Rendez-Vous Europe 1/CNews/Les Echos. A ce jour, en France, une dizaine de cas de ce variant, plus contagieux, ont été détectés sur notre territoire, a indiqué le ministre qui précise toutefois que “ce virus est a priori sensible au vaccin”. Alors que le Gouvernement se trouve sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines après la lente mise en marche de la campagne de vaccination, le ministre de la Santé a tenté de rassurer, affirmant que la France maintiendra son objectif. “Quand je disais ne pas confondre vitesse et précipitation, ce n'était pas l'éloge de la lenteur. A la fin du mois de janvier, nous aurons vacciné plus d'un million de Français”, a-t-il déclaré.

Le ministre a cependant reconnu “un manque de clarté dans la communication et dans l'explication de la campagne vaccinale”, dont il prend “personnellement le point”. "Nous avons sans doute internalisé l'espèce de défiance générale vis-à-vis des vaccins dont on parlait en permanence sur les plateaux et dans les familles", a confié Olivier Véran. 

“Dix fois plus de centres de vaccination que nos voisins” Olivier Véran l’assure, la montée en puissance de la campagne n’en est qu’à ses débuts : “Nous avions la garantie de disposer de 78 millions de doses, si tous les vaccins que nous avons achetés sont validés par les autorités sanitaires. Ce sera sans doute plus : on pourrait monter jusqu'à 100 millions dans les 6 prochains mois.” Balayant de ce fait toute inquiétude concernant une éventuelle pénurie. Le ministre a par ailleurs expliqué plus en détails le déroulé des prochaines semaines. La vaccination aura lieu...

uniquement dans les centres de vaccination, qui doivent se monter progressivement partout en France. “Nous aurons dix fois plus de centres que la plupart de nos voisins pour éviter aux Français de 80 ans de faire trois heures de queue dehors en plein hiver et de parcourir 150 kilomètres pour se faire vacciner”, a-t-il assuré alors que la France est souvent jugée moins efficace que l’Allemagne. Un site internet “très simple” sera opérationnel dès le 14 janvier et permettra de connaître la liste des centres de vaccination. Comme cela avait été évoqué jeudi dernier lors de sa conférence de presse avec le Premier ministre, la population pourra prendre rendez-vous en ligne et par téléphone. “Nous travaillons sur un système téléphonique qui permettrait d’éviter d’avoir des embouteillages au téléphone. À Berlin, il y a jusqu’à 6 heures d’attente. Mais pas de panique, je le dis par anticipation ! Il n’y a pas de perte de chance. Inutile de se connecter à 8 heures du matin sur la ligne téléphonique. Les choses vont s’organiser dans le bon ordre.”

  Note sur l’efficacité du couvre-feu Alors que la situation sanitaire et dans les hôpitaux inquiète, avec notamment la découverte de clusters comme à Marseille, Olivier Véran a répondu que le Gouvernement était prêt à prendre “des mesures supplémentaires si nous constatons que le virus reprend une course folle, sous la forme d'une vague”, mais “ce n’est pas le cas actuellement” a-t-il ajouté. “La plupart des pays autour de nous rencontrent une situation sanitaire qui est pire que la nôtre. En Allemagne, en Angleterre, il y a plus de 1.000 morts par jour.” A l’heure actuelle, le pays connaît toutefois une circulation très active du virus avec 18.000 et plus de 1.000 hospitalisations en moyenne par jour. “Le nombre de malades en réanimation ne baisse plus”, a précisé le ministre de la Santé. Le Gouvernement a déclaré que cette semaine serait une semaine “charnière”, où les effets des fêtes de fin d’année seront particulièrement visibles sur le nombre de contaminations. L’exécutif doit aussi recevoir une note sur l’efficacité du couvre-feu, précise Europe 1. Selon la radio, les résultats de cette étude entraîneront potentiellement de nouvelles mesures, comme une nouvelle extension du couvre-feu. Celles seront vraisemblablement actées au cours du prochain conseil de défense, mercredi 1.  

“Je déplore que l'on fasse de fausses polémiques”, tacle Véran
Lors de son entretien, le ministre de la Santé en a également profité pour dénoncer les attitudes de certains présidents de région qui sont “dans l’outrance” et critiquent vivement la stratégie gouvernementale. Dans son viseur notamment : Gérard Larcher, Jean Rottner et surtout Anne Hidalgo, la maire de Paris. “Certains élus, qui ne sont pas forcément des présidents de région sortants, certains maires de grandes villes, qui sont peut-être dans l’idée, dans l’espoir ou dans le fantasme d’une campagne en profitent pour se faire un coup de com’”, a-t-il dénoncé, alors qu’Anne Hidalgo a accordé un entretien au Journal du dimanche dans lequel elle déplore les errements de l’exécutif dans le cadre de cette campagne de vaccination, indiquant notamment : “avec de telles carences, le Débarquement de juin 1944 aurait échoué.” Ce à quoi le ministre a répondu dimanche : “Je déplore, et c’est ainsi, qu’on fasse de fausses polémiques, de mauvaises presses pour avoir un encart dans Le Journal du Dimanche.” Après qu’elle a déclaré vouloir prendre toute sa part dans l’élection présidentielle de 2022, Olivier Véran s’est interrogé, non sans agacement : “Est-ce que vous trouvez que c’est à la hauteur de vue d’un élu qui se prête des intentions nationales que de commencer à tirer à tout va sur la politique du gouvernement pour essayer de faire parler de lui ?”

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