Trois médecins intérimaires, membres du bureau du Syndicat national des médecins remplaçants hospitaliers, ont reçu une plainte du ministère de la Santé qui a saisi l'Ordre des médecins et demande trois mois d'interdiction d'exercice. Les médecins intérimaires dénoncent depuis plusieurs mois un décret plafonnant leurs rémunérations. Au printemps dernier, ils ont publié la liste des hôpitaux appliquant ce décret, appelant leurs confrères à ne pas y effectuer de remplacement. Ils assurent avoir à plusieurs reprises sollicité des rendez-vous au ministère, sans jamais être entendus. "Le premier signe de vie que nous recevons, c'est cette plainte", déplore le Dr Christine Dautheribes, porte-parole du SNMRH, qui a engagé un avocat.
Agnès Buzyn a plusieurs fois dénoncé la réaction des médecins intérimaires, les accusant de profiter de la pénurie médicale. "Des sociétés d'intérim se sont précipitées dans cette brèche" et "proposent des intérimaires qui se font payer entre 2 000 et 3 000 euros la journée. La journée", avait notamment fustigé la ministre en juillet dernier. "Ce qui crée un déficit" dans des hôpitaux "qui sont souvent de petits hôpitaux en difficulté", qui "n'arrivent pas à recruter" sur des postes "ouverts". "Quand la moitié de la masse salariale passe pour des intérimaires qui travaillent une semaine par mois, ça n'est pas tolérable", avait commenté Agnès Buzyn, en critiquant des médecins qui "profitent d'un système en tension" et préfèrent "jouer les mercenaires en allant offrir leurs services une journée par mois" plutôt que de s'installer. "On a le sentiment que c'est le règne de la terreur", a réagi le Dr Christine Dautheribes au sujet des plaintes déposées par le ministère. La première est arrivée à son nom, le mois dernier. Depuis, deux autres ont été adressées à deux autres membres du bureau. "C'est de la coercition, ce ne sont pas des méthodes démocratiques", a ajouté la porte-parole du SNMRH, qui ajoute ne pas comprendre pourquoi la plainte est adressée nominativement aux médecins et pas au syndicat. "Qu'on ait pu être maladroits, c'est possible. Je veux bien le reconnaître. Mais on n'a jamais été considérés", regrette-t-elle. En juin dernier, l'Ordre des médecins avait rappelé aux intérimaires leurs "responsabilités éthiques et déontologiques", les mettant en garde contre des "comportements, peu soucieux du devoir d'humanité envers les patients", "susceptibles de nuire à leur prise en charge", et qui "déconsidèrent la profession".
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