"Nous avons décidé de relancer une enquête" avec l'Anses et Santé publique France pour avoir des "regards croisés" de médecins et d'experts de l'environnement, a indiqué dimanche Agnès Buzyn au sujet de plusieurs cas groupés de bébés nés sans bras.
"On ne peut pas se satisfaire de dire qu'on n'a pas trouvé de causes, c'est insupportable", a ajouté la ministre de la Santé lors du Grand jury" RTL-Le Figaro-LCI. Des propos partagés sur Twitter par son collègue François de Rugy, ministre de la Transition écologique.
Bébés nés sans bras : s’en remettre à la fatalité n’est pas acceptable ! Nous allons lancer avec @agnesbuzyn une nouvelle enquête de l’@Anses_fr et Santé publique France pour faire toute la lumière sur l’origine de ces malformations.
— François de Rugy (@FdeRugy) 21 octobre 2018
Des cas groupés d'enfants nés sans mains, bras ou avant-bras ont été observés dans l'Ain (7 naissances entre 2009 et 2014), en Loire Atlantique (3 naissances entre 2007 et 2008) et en Bretagne (4 naissances entre 2011 et 2013), à chaque fois dans un périmètre restreint.
Dans une première enquête, l'agence sanitaire Santé publique France a conclu début octobre que le nombre de cas de l'Ain n'était pas statistiquement supérieur à la moyenne nationale. A l'inverse, il y a bien eu, selon elle, un excès de cas en Loire-Atlantique et en Bretagne, mais sans cause identifiée.
"80 et 100 naissances par an avec des malformations de membres"
Selon Agnès Buzyn, il y a "entre 80 et 100 naissances par an avec des malformations de membres" en France. Les causes peuvent être génétiques, liées à des contraintes physiques ou dues à des substances toxiques (alimentation, environnement, voire médicaments dans le cas du thalidomide, anti-nauséeux qui avait fait naître des milliers d'enfants sans bras entre 1957 et 1962).Pour certains élus écologistes comme Yannick Jadot, les pesticides pourraient être à l'origine des malformations, même s'il n'y a pas de preuves scientifiques. Agnès Buzyn a également promis qu'il était "hors de question d'arrêter la subvention des registres" y compris du Remera dirigé à Lyon par Emmanuelle Amar, le plus ancien des six registres des malformations congénitales de France, au centre d'une polémique scientifique. Emmanuelle Amar conteste les conclusions de Santé publique France sur le fait qu'il n'y aurait pas d'excès de cas dans l'Ain par rapport à la moyenne nationale. Soutenue notamment par les ex-ministres Corinne Lepage et Delphine Batho, Emmanuelle Amar a été qualifiée d'"irresponsable" qui "manipule l'opinion" par l'épidémiologiste Ségolène Aymé, une directrice de recherche émérite de l'Inserm. L'annonce d'une nouvelle enquête est "une grande avancée", s'est félicitée Emmanuelle Amar. Cependant, a-t-elle estimé, "on ne doit pas demander à Santé publique France de mener cette enquête. On a beaucoup de scientifiques indépendants de qualité en France. Il faut évidemment qu'on rassemble des gens qui n'ont pas été partie prenante de la polémique".
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