Chef de service, il annule les opérations et envoie ses patients dans le privé
Le chef d'un service de l'hôpital Pasteur 2, à Nice, a été contraint d'annuler toutes les interventions prévues ces deux derniers jours. Il a recommandé aux patients d'aller dans le privé. A 90 ans, une patiente hospitalisée pour une fracture du col du fémur a attendu une opération pendant trois jours. Elle a finalement été transférée ce jeudi dans une clinique pour y subir une intervention. En cause ? Une pénurie d'anesthésiste mais aussi d'infirmières de bloc, dénoncée depuis des mois par les médecins du CHU, et qui a contraint le chef de service à annuler les opérations programmées.
"C'est moi qui ai pris la décision d'annuler toutes les interventions de l'institut chirurgical locomoteur et du sport jeudi et vendredi. J'ai donné pour consigne que les patients qui présentent une fracture aillent dans le privé, assume le Pr Christophe Trojani. En mon nom et en celui du Pr Boileau avec lequel je codirige ce service, je présente nos excuses aux patients mais c'est leur sécurité qui est en jeu." "J'ai alerté personnellement le directeur général du CHU, Charles Guepratte, le 28 mars. Il ne m'a pas répondu", assure le Pr Trojani. Le 18 juin, le chirurgien a tiré la sonnette d'alarme devant la commission médicale d'établissement. "L'heure est grave", avait-il alors averti au nom du collectif des chirurgiens de l'hôpital Pasteur 2. Il avait longuement souligné "les dysfonctionnements permanents du bloc opératoire, des dysfonctionnements maintes fois signalés sans aucune mesure corrective ni aucune réponse." Il s'était aussi inquiété "du burn-out généralisé qui règne, aussi bien au bloc opératoire qu'à la stérilisation ou dans les services, du fait d'un sous-effectif notoire qui nous fait craindre le pire : soit un problème grave avec un patient, soit un passage à l'acte d'un personnel non médical ou médical." Et depuis, les choses ne semblent pas s'être améliorées. Lundi dernier, le chef du pôle anesthésie, Marc Raucoules, annonçait sa démission de ce poste. Sous couvert d'anonymat, un médecin anesthésiste atteste de conditions de travail "très dures", des soignants "épuisés", une direction "qui n'entend rien" et un hôpital "au bord du gouffre et pas attractif". "Nous ne savons pas comment faire tourner le tableau de garde à partir du 1er octobre. On est dans le mur, on ne peut plus fonctionner", déplore ce médecin. Dans un communiqué, la direction du CHU indique avoir reçu une délégation de soignants et de représentants syndicaux. "La direction a entendu les difficultés ressenties par les professionnels, malgré les premières actions déjà entreprises. (...) Dès cet été, des mesures d'urgence ont été prises pour renforcer les effectifs et doter les blocs de matériel complémentaire", assure le communiqué. Des recrutements, ainsi que l'achat de matériel, ont été actés, ajoute la direction. Une "mission d'appui et d'accompagnement des blocs opératoires" a aussi été mise sur pied. "Le plan d'attractivité et de valorisation de l'ensemble des personnels infirmiers lancé avant l'été a d'ores et déjà porté ses fruits. Le CHU a (...) recruté 98 infirmiers sur juillet et août (...). Les recrutements se poursuivent (...). Pour préparer l'avenir, le CHU a (...) fait le choix d'ouvrir, dès octobre 2018, (...) sa propre école d'infirmiers de blocs opératoires", ajoute le CHU. [Avec Nicematin.com]
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