Combien coûtent les pauvres ? Cette question suscitée par les derniers propos du Président de la République, évoquant un "pognon fou", trouve une réponse dans les travaux de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES). L'organisme donne des chiffres et souligne qu'à cet égard, notre pays mène une politique plus efficace qu'ailleurs en Europe.
"Entendu au sens étroit de minima sociaux, la dépense totale consentie par l'Etat et les conseils départementaux responsables de ces attributions, s'élevait en 2015 à 26,6 milliards d'euros, soit 1,2 % de PIB pour 4,419 millions d'allocataires", écrit l'ONPES dans un document publié le 18 juin. Cette dépense connaît une croissance de 4,3 % par an en moyenne depuis 2009 en euros constants, essentiellement due à l'augmentation du nombre d'allocataires, (+ 2,9 % par an) et des revalorisations des allocations. A ces minima sociaux, s'ajoutent les allocations familiales, les aides au logement allouées sous conditions de ressources, les aides sociales non obligatoires dispensées par les collectivités locales et les secours distribués par le monde associatif. Le total de ces sommes, représentait, en 2010, un montant proche de 4,6 % de la richesse nationale, soit 14 % des dépenses de protection sociale obligatoire. Ces dépenses sont-elles efficaces ? Oui, estime l'ONPES qui y voit le moyen monétaire de réduire "de manière comptable", la pauvreté. En leur absence, le taux de pauvreté de 14 % environ s'élèverait à 21 %. Un impact qui serait encore plus fort, si l'on prend en considération non pas le taux, mais l'intensité de la pauvreté. "Ces aides constituent un vrai rempart contre le risque de tomber dans l'extrême pauvreté, que l'on situe généralement autour de 670 euros/mois pour une personne". Depuis 2010, la proportion de personnes vivant en dessous de ce seuil est restée stable, malgré l'aggravation du chômage de longue durée, soit 3,5 % ou 2,15 millions de personnes. "Le filet français contre la grande exclusion fonctionne", indique l'ONPES, soulignant que l'Europe, en 2017, a reconnu que l'impact des transferts sociaux hexagonaux pour la réduction de la pauvreté des personnes en âge de travailler est "significativement supérieur à ce qu'il est en moyenne dans l'ensemble de l'Union européenne (43 % contre 33 %). Corrélativement, l'intensité de la pauvreté y est "très sensiblement plus faible qu'en Europe en moyenne (15,7 % contre 24,8 %). Des "points forts" soulignés par le Comité européen de protection sociale. Pour l'ONPES, trois conditions supplémentaires sont nécessaires pour lutter activement contre l'exclusion sociale et la pauvreté : un revenu minimum adéquat pour garantir à tous "des ressources suffisantes", une politique active de l'emploi assortie d'un accompagnement vers le travail et enfin, "un accès effectif aux éléments essentiels à la dignité et l'autonomie : santé, éducation et logement".
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