Dans L'Hôpital à cœur ouvert, le directeur général de l'Assistance-Publique Hôpitaux de Paris dévoile les coulisses du plus grand centre hospitalier d'Europe. Et revient sur sa "vocation", de la fac de médecine à l'ENA.
A 16 ans, le jeune Martin Hirsch ne sait pas quelle voie choisir. Pas la médecine, en tout cas. "Cela ne m'attirait pas et, de surcroît, j'avais tendance à m'évanouir à la vue du sang, ce qui me semblait rédhibitoire", raconte-t-il dans L'Hôpital à cœur ouvert (Editions Stock, novembre 2017, 19 euros). Pas doué Mais après avoir lu Psychopathologie de la vie quotidienne, l'ado se prend de passion pour Freud et décrète qu'il sera psychanalyste. C'est ainsi que ce fils d'ingénieur échoue sur les bancs de la faculté de médecine de Cochin, "passionné par ce qu’on m’y enseignait, aussi bien lors des cours magistraux qu’au lit du malade". "J’y ai découvert le raisonnement clinique, j’y ai appris à parler aux patients, j’y ai appris comment fonctionnaient des équipes de soins. J’ai appris à ne plus avoir peur du sang, relate-t-il. J’ai pu aussi apprendre que je n’étais pas doué pour exercer la médecine, en tout cas, me semblait-il. Je trouvais les autres étudiants, sans parler des internes et des chefs de clinique qui nous encadraient, bien plus doués et compétents que moi." Et le haut fonctionnaire d'évoquer le souvenir de ses jobs d'été en tant qu'agent hospitalier, du jour où il a porté des plateaux-repas aux malades de Sainte-Anne, "avec au menu des cervelles d’agneau, ce qui était malvenu dans un service où les patients avaient tous été crâniotomisés pour se faire retirer un morceau de cerveau". Ou de cette garde, la nuit du suicide de Patrick Dewaere, où le jeune externe a vu affluer les fans qui avaient tenté de s'infliger la même blessure que leur idole. Pari hasardeux Arrivé à la 5ème année, Martin Hirsch décide d'abandonner les études de médecine pour faire l'ENA avec pour bagage un DEA de neurobiologie. "Je me suis dit que mon pari était hasardeux, mais qu’il serait réussi si un jour je devenais directeur général de l’AP-HP. J’avais vingt-deux ans. Pourquoi directeur général de l’AP-HP ? Parce que cette fonction avait été incarnée par un grand monsieur dont j’avais entendu parler quand j’étais petit par ma mère." Il s'agit de Gabriel Pallez, directeur de l'AP-HP de 1969 à 1985. "Je dis parfois que mon objectif est d’égaler la longévité de Gabriel Pallez. Ce n’est qu’une demi-boutade. Je sais que les mandats de cette durée ne sont plus d’actualité et que l’habitude est désormais à un turnover plus rapide. Je sais également que ma longévité à ce poste ne dépend pas que de moi, confesse-t-il. Je n’en suis pas le décideur. Je peux être remplacé du jour au lendemain, si je déplais, si l’on considère que je ne fais pas le job, si je dérange, si quelqu’un d’autre le veut. En donnant cet objectif, je veux juste signifier, très sincèrement, qu’en acceptant le poste j’ai eu pleinement conscience que je devais me situer dans la durée."
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