Les petites magouilles électorales d'un baron de l'Ordre

13/04/2018 Par Sandy Berrebi-Bonin

Après avoir fait parler de lui en publiant un édito misogyne et anti-jeune, le président du conseil départemental de l'Ordre des médecins du Bas-Rhin, le Dr Jean-Marie Letzelter est accusé de passer officieusement des consignes de votes lors des élections des membres du conseil.

Alors que l'Ordre renouvelle ses troupes et essaye de les féminiser et de les rajeunir, certains ordinaux font de la résistance. Du moins, c'est ce que l'on ressent en lisant l'éditorial du président du conseil départemental de l'Ordre du Bas-Rhin, le Dr Jean-Marie Letzelter. Le médecin retraité avait publié un texte à charge dans la gazette de son ordre dans lequel il raillait les récentes réformes de l'Ordre imposant des binômes homme/ femme de moins de 71 ans.   Et si l'Ordre devenait moins macho ?   "Concernant la limite d'âge de 71 ans révolus pour pouvoir candidater à une fonction ordinale, je m'en référerais à l'un de de nos sages ancêtres Georges Brassens qui chantait à juste titre "Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con. Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père, quand on est con, on est con…" et chacun connait des octogénaires brillantissimes et des trentenaires au cerveau limacien", ironisait le médecin de 69 ans. Quant à la place des femmes, il estimait "Encore faudrait-il que nos consœurs soient suffisamment nombreuses à investir de leur temps précieux au détriment de leurs obligation professionnelles et familiales".   "Mal interprété"   "C'était bien sûr du second degré", se justifie pour Egora le Dr Letzelter face à la polémique suscitée par son texte. "Les gens intelligents l'ont bien compris. Je ne suis ni misogyne ni anti-jeunes. Ceux qui ont mal pris mon éditorial l'ont mal interprété", assure-t-il. Des propos policés, comparés à ses précédentes interviews. L'échéance se rapproche. L'ordinal estime toutefois que la présence de retraités dans les conseils est une bonne chose. Et il a d'ailleurs élaboré une stratégie officieuse pour en faire élire. Dans la présentation des candidats en lice à l'élection, le président a omis de préciser à certains d'y apposer une photo. Dans un tract, le binôme Malika Kahlouche et Patrick Nicol relève que "les têtes d'affiche des binômes du "club des photos" sur les propositions de foi sont pour la plupart de proches amis retraités mais surtout membres du bureau actuel du conseil". Le Dr Elisabeth Kruczech, ancienne présidente de cet Ordre, membre du conseil sortante et actuelle candidate, confirme qu'à aucun moment il n'a été demandé officiellement aux postulants d'envoyer une photo. "Comment ont-ils su ? S'agit-il d'un club fermé de l'Ordre qui facilite les consignes de vote ?" s'interroge le binôme Kahlouche/ Nicol. "C'est une inégalité du traitement des candidatures au regard du code électoral", concluent-ils. "Il s'agit d'une consigne de vote", abonde Elisabeth Kruczech.   Inégalité de traitement   "Une consigne de vote, oui tout à fait" concède le Dr Letzelter qui ne voit pas le problème. "J'ai d'abord demandé à l'Ordre national s'il était possible d'ajouter des photos dans les propositions de foi. Ils m'ont dit oui. C'est donc légal", se justifie-t-il avant de poursuivre son raisonnement. "J'ai dit aux personnes que je soutenais de mettre des photos. Cela facilite ma campagne en disant à mon réseau de voter pour ceux avec photo". Une inégalité de traitement que ne perçoit pas ou ne veut pas percevoir l'actuel président. Et pourtant elle est bien réelle. "Je viens de discuter avec un ami, il m'a dit "je ne savais pas que tu es candidate, je n'ai pas vu ta photo"", s'agace Elisabeth Kruczech. Jean-Marie Letezelter ne s'en cache pas, en périodes électorales, même s'il n'est pas candidat, il fait campagne. "J'ai pas mal de réseau, j'ai des collègues relativement importants. Lorsqu'il y a des élections, il m'arrive de passer quelques coups de fil pour dire à mes amis de voter pour untel ou untel". D'autant que le Dr Letzelter est encore en poste pour trois ans au sein du conseil départemental. Après l'élection son titre de président sera de nouveau remis en jeu… Dans un communiqué, la CSMF dévoile les noms de ses candidats, dont les Drs Kahlouche et Nicol font partie et appelle les votants "à favoriser les médecins en exercice plus légitimes tout de même pour vous représenter que les retraités". Le vote se tiendra ce dimanche 15 avril entre 8h et 10h dans les locaux du conseil départemental. Les résultats seront connus dans la soirée.

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