Séquençage génomique : Le Canard Enchaîné vole dans les plumes du ministère de la Santé
Dans son édition du jour, l'hebdo satirique dénonce des conflits d'intérêts dans la sélection des établissements qui accueilleront les deux plateformes françaises de séquençage du génome.
"Ces questionnements sont lourds et c'est pourquoi la rigueur éthique est indispensable à notre réussite collective", affirmait le Premier ministre en juillet, à l'annonce des lauréats de l'appel à projets lancé dans le cadre du plan France médecine génomique. Financées à hauteur de 200 à 300 millions d'euros par l'Etat, deux plateformes effectueront à compter de la fin 2018 quelques 18.000 examens de séquençage du génome entier et vont permettre ainsi l'accès de tous les Français à la médecine génomique. A la suite de l'annonce faite par Marisol Touraine fin 2016, dix CHU se sont portés candidats. Ce sont les projets parisien et lyonnais qui ont été finalement retenus par un jury international.
Les "points faibles du projet parisien"
Les dés étaient-ils pipés ? C'est que se demande Le Canard Enchaîné dans son édition du jour. Le 11 juillet, les directeurs des CHU de Dijon et Besançon, dont le projet a été écarté, ont écrit au ministère de la Santé pour dénoncer les anomalies de l'attribution des marchés, rapporte l'hebdo satirique. Ils pointent notamment les "points faibles du projet parisien" (AP-HP, Instituts Curie, Gustave-Roussy et Imagine) qui, estiment-ils, "mettent directement en doute sa capacité à produire les résultats attendus". Un avis partagé par le jury international de l'appel à projets, qui avait jugé la solution technique du projet "vouée à l'échec". Quant au projet porté par les Hospices civils de Lyon, les CHU de Grenoble, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, il pourrait avoir bénéficié de la nomination de Gérard Collomb, le maire de Lyon, au Gouvernement selon Le Canard. "Nous refusons de penser que les jeux étaient faits d'avance autour des équipes parisiennes et lyonnaises", écrivent les candidats malheureux.
La "meilleure note moyenne"
Même incompréhension du côté des CHU de Toulouse, Nîmes et Montpellier. Dans une lettre adressée au ministère le 25 juillet, les directeurs rappellent que c'est leur projet commun qui avait la "meilleure note moyenne". Le Canard Enchaîné relève d'autres conflits d'intérêts. Tout d'abord, celui d'Agnès Buzyn, dont l'époux, patron de l'Inserm, pilote le plan France Médecine génomique. Raison pour laquelle la ministre de la Santé s'est "déportée de ce dossier" au profit de Matignon, répond son cabinet au Canard. "Le Gouvernement a suivi strictement" le classement du "jury souverain", précise-t-on. Ce n'est pas tout : le président du jury, Ivo Gut, directeur du Centre national d'analyse génomique en Espagne, serait l'un des fondateurs de la société Intetragen, qui a signé un partenariat avec l'AP-HP en 2016 pour un premier projet de séquençage. "Les partenaires industriels ne sont pas connus à ce jour et feront l'objet d'une mise en concurrence", répond le ministère, qui souligne que Ivo Gut "n'a jamais pris de participation ou de fonction officielle" au sein d'Intetragen. [Avec Le Canard Enchaîné]
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