Ondam 2018 : + 2,4 % pour la ville, + 2,2 % pour l'hôpital

26/09/2017 Par Catherine le Borgne
Economie

Le gouvernement présentera jeudi son premier projet de budget de la Sécurité sociale pour 2018, qui devra concilier des dépenses de santé croissantes et des revalorisations des minima sociaux avec la promesse d'un retour à l'équilibre à l'horizon 2020. L'Ondam 2018 serait de + 2,3 %, comme Emmanuel Macron s'y est engagé; mais la ville, qui doit assumer le coût du tournant ambulatoire, serait un peu favorisée par rapport à l'hôpital.

En 2017, le déficit global de la Sécurité sociale (régime général et Fonds de solidarité vieillesse) devrait atteindre 4,2 milliards d'euros, selon les prévisions réalisées sous le quinquennat Hollande. Son plus bas niveau depuis 2001, dernière fois où son solde était positif de 800 millions d'euros. Cette trajectoire positive depuis le record de 2010 (-29,8 milliards d'euros) ne doit pas amener à relâcher les efforts afin que "le retour à l'équilibre des comptes sociaux soit pérenne", a cependant mis en garde la Cour des comptes à quelques jours de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2018 par le gouvernement. Or, le Premier ministre a annoncé un nouveau décalage de l'objectif d'équilibre des comptes de 2019 à "horizon 2020". Avec trois des quatre branches du régime général attendues en excédent ou à l'équilibre (accidents du travail, retraite, famille), le principal défi du gouvernement sera de soigner l'Assurance maladie, qui concentre plus de la moitié du déficit avec un solde prévu à -2,6 milliards d'euros. Un objectif d'autant plus ambitieux que l'amélioration du déficit, entre 2014 et 2017, n'est qu'apparent, la "quasi-totalité" s'expliquant par des transferts de recettes de la branche retraite, s'est précisément inquiétée la Cour des comptes, qui n'a pas hésité à parler d'insincérité dans la présentation des comptes d'exécution de l'Ondam. Le candidat Macron a promis d'économiser 15 milliards d'euros dans le domaine de la santé et de limiter à 2,3% par an en moyenne sur le quinquennat la hausse naturelle des dépenses de santé, contre + 2,1 % en 2017 et + 1,8 % en 2016. Selon toute vraisemblance, le Gouvernement devrait entériner ce taux d'évolution, dont le respect nécessitera d'importantes économies, eu égard à l'évolution naturelle des dépenses. Le gouvernement la chiffrait, l'an passé, un peu en dessous de 4 %. Elle devrait s'établir en réalité à + de 4,5 %, ce bond s'expliquant par les nombreuses revalorisations accordées en 2016 ou 2017 aux professionnels libéraux (médecins, dentistes, pharmaciens) et aux personnels hospitaliers. Un dynamisme qui devrait rendre encore plus douloureux le tour de vis nécessaire pour que les dépenses rentrent dans les clous. Selon Les Echos, il faudra réaliser 4,2 milliards d'euros d'économies en 2018, soit l'objectif le plus ambitieux depuis la création de cet indicateur, en 1997. Les soins de ville, qui devront assumer le surcout du virage ambulatoire, devraient être mieux lotis, avec 2,4% de progression de leurs dépenses, soit 2,1 milliards, à 88,7 milliards d'€. Les hôpitaux, eux, n'auront droit qu'à 2,2% de hausse, soit 1,7 milliard, pour atteindre 80,9 milliards (hors établissements médico-sociaux). Une expérimentation de financement au forfait et non plus à l'activité est également prévue dans le cadre de ce prochain budget. Le forfait hospitalier, bloqué depuis 2010, va toutefois augmenter de 2 €, ce qui rapportera 83 millions de recettes supplémentaires, calcule Le Figaro. Le forfait journalier en psychiatrie devrait également augmenter de 1,50 €. Au total, les établissements hospitaliers disposeront ainsi d'une centaine de millions d'€ supplémentaires, qui permettront d'adoucir un peu la pilule de l'Ondam, très serré pour eux. Avec un budget du ministère de la Santé "de huit à neuf milliards d'euros" en 2018 (en hausse de 11%), la ministre devra en outre financer plusieurs revalorisations progressives de minima sociaux, puis de l'allocation adulte handicapé qui passera à 860 euros au 1er novembre 2018 puis à 900 euros l'année suivante (contre 810 actuellement) et du minimum vieillesse, revalorisé de 30 euros dès avril 2018 (puis de 35 euros en 2019 et 2020). Le ministère devra également acter la revalorisation au 1er octobre de 0,8% des pensions des retraités, qui ont prévu de manifester le jour de la présentation du PLFSS contre la baisse de leur pouvoir d'achat. Côté recette, il pourra compter sur la hausse du prix du tabac et la hausse de 1,7 point du taux normal de la CSG (contribution sociale généralisée) au 1er janvier. Cette dernière doit toutefois compenser la suppression des cotisations maladies et chômage pour les salariés du privé. [Avec Les Echos, lefigaro.fr et l'AFP]

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