Débat Macron - Le Pen : uppercuts et coups bas sur la santé

04/05/2017 Par Catherine le Borgne

Dans le climat de haute tension dans lequel s'est déroulé hier soir l'unique débat du second tour opposant Marine Le Pen et Emmanuel Macron, la santé n'a eu que la portion congrue. Mais n'a pas échappé au combat frontal.

  Il en est allé ainsi, de la gestation pour autrui (GPA). A l'issue d'une diatribe de Marine Le Pen contre cette France où "tout est à vendre, dont les ventres", qui serait notre avenir si le candidat d'En Marche accédait à la présidence, avec des "filières crées à l'étranger, un nouvel esclavage moderne" Emmanuel Macron s'est évertué à contrer ce faux argumentaire. "C'est faux. Je suis totalement contre, a-t-il asséné. Mais il faut reconnaître que ces enfants nés au bout du monde n'ont rien demandé à personne", a-t-il nuancé. Les gants de boxes ne sont plus sur la table, mais aux poings des deux finalistes. "Le système de santé est en danger, vous allez le démanteler par un bout ou par un autre. Vous êtes flou sur le remboursement de l'optique, à quel niveau ? Or, il y a vraiment beaucoup d'économies à faire", a lâché la candidate en affirmant que les étrangers peuvent être mieux soignés que certains citoyens français.  Face à elle, Emmanuel Macron a rappelé les points forts de son programme : amélioration de l'offre de soins contre la désertification médicale "qui oblige à faire entre 50 et 60 km et attendre 4 à 6 mois pour trouver un médecin spécialiste", et une méthode de mise en œuvre. Marine Le Pen a répondu qu'il fallait augmenter le numerus clausus pour ne plus recruter de médecin à l'étranger, créer un internat de 6 mois dans les territoires sous denses, baisser la fiscalité des médecins retraités qui acceptent de rester plus longtemps pour travailler…  

"Il y aura un bras de fer avec les laboratoires pharmaceutiques"

 

"Il faudra baisser le prix des médicaments, pour mieux les rembourser. Il y aura un bras de fer avec les laboratoires pharmaceutiques. Il faut une volonté politique, qui n'est pas celle des laboratoires" a taclé la candidate en accusant Emmanuel Macron de s'être assuré les services d'un éminent conseiller dans son équipe, "l'un des plus gros lobbyistes de chez Servier", où l'on commercialise un médicament contre l'hypertension. Riposte d'Emmanuel Macron, une descente en flamme du projet du Front national de taxer les importations, dont celle de médicaments. "Or, 80 % de nos médicaments viennent de l'étranger. Avec vos taxes, vous allez évidemment en renchérir le coût. Tous nos médicaments importés vont augmenter. C'est cela, la vraie vie".  Le candidat défend, lui, l'option de la vente de médicaments à l'unité. Néanmoins, pour le candidat d'En marche aussi, il est évident que les déserts médicaux sont un "vrai problème". Il promet d'investir dans les maisons pluridisciplinaires, améliorer le parcours de soins pour qu'il y ait moins de patients aux urgences, afin de rendre plus facile l'accès aux médecins spécialistes. Autre point d'accord pour les deux candidats : la situation de déficit sanitaire de la Guyane, qui a un "besoin criant de santé" pour Emmanuel Macron, '"du fait de l'immigration clandestine", a ajouté Marine Le Pen. "C'est exact" a concédé le candidat, du bout des lèvres.  

"Aujourd'hui, le reste à charge est trop important"

  Emmanuel Macron est néanmoins parvenu à exposer brièvement ses thèses en matière d'amélioration de la prise en charge des prothèse auditive, dentaire et des lunettes, et de clarification des relations entre la sécurité sociale, les assurances complémentaires et les assurés. "Aujourd'hui, le reste à charge est trop important" a-t-il souligné, en expliquant qu'il se donnait la durée du quinquennat pour "atteindre une prise en charge à 100 %". Répondant à Marine Le Pen, il concède qu'il est partisan de la suppression du numerus clausus, "mais que cela prendra 10 ans". Il compte en tout état de cause, organiser la pratique d'un service sanitaire de trois mois  pour tous les étudiants en santé consacré, sur le terrain, à la prévention auprès des patients. Avant de dédier sa "carte blanche" aux personnes en situation de handicap, promettant d'augmenter le niveau de l'allocation adulte handicapés et d'améliorer les méthodes de prise en charge des enfants autistes notamment. Remis à jour le jeudi 4 mai à 16 h 15

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