Au-delà du Covid, l’ARN messager représente un espoir majeur dans de nombreuses pathologies. Moderna, pionnier de la technologie de l’ARNm, conduit ainsi 47 programmes de recherche dans 5 aires thérapeutiques : en maladies infectieuses, oncologie, maladies rares, maladies auto-immunes et maladies cardiovasculaires.
47 programmes de recherche
Plusieurs programmes en sont à leur dernière phase de développement, avant une potentielle demande d’autorisation auprès des autorités de santé. En particulier, Moderna a annoncé le 5 juillet avoir déposé une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe pour le vaccin ARNm-1345 contre l’infection par le virus respiratoire syncytial (VRS) chez les personnes de 60 ans et plus. Ce virus, responsable de la bronchiolite chez l’enfant, peut être à l’origine, chez le sujet âgé, de complications respiratoires. Cette demande repose sur des données de l’essai clinique de phase 3 qui a été mené chez 37 000 sujets de plus de 60 ans. Ces données d’efficacité montrent une réduction de 83,7% des infections respiratoires inférieures avec 2 symptômes ou plus (le critère principal d’analyse d’efficacité de l’essai) dues au VRS. « Nous espérons une AMM européenne en 2024 et une commercialisation en France en 2025 » précise Mme Sandra Fournier, Directrice Générale de Moderna France.
Par ailleurs, sur le plan de la Covid, le laboratoire vient de soumettre auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA) une demande d’AMM pour son candidat vaccin ciblant le sous-lignage XBB.1.5 qui est déjà en production, en vue de la campagne automnale de la rentrée prochaine. « La plateforme à ARNm permet en effet de s’adapter en permanence et de mettre à jour le vaccin. Ce vaccin est dosé à 50µg chez l’adulte et est monovalent » ajoute Mme Fournier.
En cours, également, des essais cliniques pour un vaccin combiné grippe-Covid, actuellement en phase 1, ainsi qu’un autre vaccin combiné contre la grippe et le VRS. « Notre objectif à terme est de produire un vaccin 3-en-1 qui combinerait les rappels annuels de la grippe, de la COVID-19 et du VRS ».
Dans un autre domaine thérapeutique, celui des virus latents, plusieurs essais sont également en cours. Concernant le cytomégalovirus (CMV) en particulier, « il s’agit du candidat vaccin qui était le plus avancé avant l’épidémie de COVID-19 ». Il est actuellement en phase 3. C’est un essai qui évalue le vaccin contre la primo-infection par le CMV chez les femmes en âge de procréer (16-40 ans), de façon à limiter le risque de malformation congénitale chez le nouveau-né qu’une telle infection peut engendrer. L’essai se déroule sur 150 sites investigateurs à travers le monde dont 9 en France. « On espère avoir recruté à travers le monde les 7300 femmes participant à l’essai d’ici la fin de l’année, et donc commencer à analyser les données d’efficacité et de tolérance à partir de l’année prochaine ».
Moderna mène aussi des programmes de recherche contre le virus d’Epstein Bahr (EBV). « Nous développons à la fois un candidat vaccin pour prévenir une infection par l’EBV, mais également une solution thérapeutique à base d’ARNm pour traiter les séquelles au long cours de l’EBV » précise la DG de Moderna. Et il existe aussi 2 candidats vaccins contre le VIH qui sont en phase 1, ainsi que des travaux concernant les virus de la varicelle-zona et de l’herpès.
Intérêt aussi en curatif
Ensuite, il y a toute la partie thérapeutique. Les maladies rares sont souvent liées à une protéine manquante ou défectueuse. Dans ce contexte, l'ARNm, molécule d'information, permet de produire la protéine en question, manquante ou défectueuse, et ainsi de lutter contre les maladies rares. Les pathologies dans lesquelles les recherches chez Moderna sont les plus avancées sont les acidémies méthylmalonique et propionique.
Autre domaine thérapeutique, l’oncologie. « Nous travaillons actuellement sur plusieurs programmes dont une thérapie néoantigénique individualisée contre le mélanome à haut risque de récidive, dans le cadre d’un essai clinique conduit en partenariat avec MSD. Ce traitement consiste à activer le système immunitaire de manière à ce que le patient puisse générer une réponse spécifique à sa propre tumeur ». Les résultats de phase 2b de ce traitement en association avec Keytruda, l’immunothérapie de MSD, montrent une réduction de risque de récidive ou de décès de 44% par rapport à Keytruda en monothérapie, ainsi qu’une réduction du risque de métastase à distance ou de décès de 65%.
Et cette association pourrait être testée dans d’autres cancers dans les mois et années à venir.
Un engagement en faveur de la santé publique mondiale
« Je suis persuadée que l’ARNm va révolutionner la médecine de demain, s’enthousiasme Mme Fournier. Le champ des possibles est immense. Début 2020, nous avions une vingtaine de candidats vaccins et solutions thérapeutiques en développement sur notre plateforme ARNm. Aujourd’hui, nous en avons 47. L’ARNm offre une extraordinaire flexibilité, aussi bien pour lutter contre une pandémie mondiale – avec la possibilité de réagir très rapidement - mais également en thérapie individualisée contre les cancers ou pour des maladies rares. Nous sommes pour moi au début de cette révolution ».
Pour faire avancer la science le plus rapidement possible et protéger la population, « nous avons mis en place mRNA Access, un programme qui permet de mettre à disposition notre technologie de l’ARNm à tous les chercheurs à travers le monde, pour faire avancer leurs propres travaux de recherche, dans le domaine des maladies infectieuses ». Le laboratoire s’est également engagé auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (Cepi) à faire avancer la recherche jusqu’en phase 1 d’ici 2025 pour les 15 agents pathogènes jugés dangereux par l’OMS (ex : virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, Ebola, malaria, tuberculose, …). « Ainsi, si une éventuelle pandémie se réveillait, nous serions prêts à activer la phase 3 très rapidement pour pouvoir proposer un candidat vaccin dans les plus brefs délais » assure la DG.
« Nous sommes à un tournant de notre développement. En 2020, nous n’étions que 800 personnes, et essentiellement des scientifiques. Aujourd’hui, nous sommes plus de 4700 collaborateurs à travers le monde. Nous avons ouvert 17 filiales et signé des accords pour l’implantation de nouvelles usines ». Quatre devraient voir le jour, au Royaume-Uni, au Canada, en Australie et au Kenya. Elles seront adaptées aux besoins de la région.
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