L’Institut national du cancer (INCa) s’est saisi de l’opportunité de la présidence française du Conseil de l’Union européenne pour tenter d’accélérer la lutte contre le cancer au niveau européen, en organisant la première édition des Rencontres européennes de l’INCa les 3 et 4 février dernier, à l’occasion de la Journée mondiale du cancer.
Thierry Breton, directeur de l’INCa, précise : "L’objectif est d’élargir la mobilisation de la lutte contre le cancer au niveau européen. Il s’agit d’appuyer les outils déjà en place comme le Plan cancer européen", qui a été lancé en 2021 avec un budget alloué de 4 milliards d’euros.
L’urgence est bien présente. En 2020, 2,7 millions de personnes ont eu un diagnostic de cancer en Europe, et 1,3 million en sont décédées. Le cancer est déjà la première cause de mortalité dans les pays riches. Et il le deviendra dans le monde dès 2030. En outre, l’Europe compte un quart des cas de cancers dans le monde, alors qu’elle ne représente que 10% de la population mondiale.
Plus de 150 experts internationaux, acteurs publics ou privés, scientifiques, représentants associatifs de tous les États membres se sont ainsi réunis en amont de ces rencontres. Une déclaration de politique commune a été élaborée, et un programme de plus de 30 actions concrètes a été proposé, autour de 5 thématiques phares : les cancers pédiatriques, les cancers de mauvais pronostic, la prévention des cancers, cancer et emploi et la coopération internationale. Ces propositions seront ensuite portées par chaque État membre auprès de la présidence de l’Union européenne.
Quelques propositions phares
Pour les cancers pédiatriques, qui constituent la première cause de mortalité liée à des maladies chez les enfants de plus d’un an, le taux de survie global ne s’est pas amélioré au cours de ces quinze dernières années. Les difficultés résident dans la complexité de certains de ces cancers, à laquelle s’ajoute le faible nombre de cas ; ce qui rend la recherche plus difficile. Les auteurs des recommandations souhaitent donc renforcer l’accès des enfants aux essais cliniques et plateformes internationales, ainsi que le partage des données de recherche.
Les cancers de mauvais pronostic ont un taux de survie estimé à moins de 33% à cinq ans. Cela concerne environ 30% des cancers chez l'homme et 20% des cancers chez la femme, comme le cancer du pancréas, du poumon, du système nerveux central.... "Dans ce contexte, il est essentiel d’élaborer au niveau européen la recherche fondamentale, translationnelle et clinique, et de construire de nouveaux paradigmes de traitement qui pourraient radicalement transformer le pronostic de ces cancers", affirment les experts du groupe de travail. Ils recommandent de mener un appel à projet pour "changer radicalement l'approche des cancers de mauvais pronostic", partager en amont les données, et améliorer la qualité et la rapidité des soins (mise en œuvre des recommandations de pratique, accès précoce aux médicaments innovants et nouvelles thérapies en chirurgie et radiothérapie).
La prévention est aussi un sujet fondamental, 40% des cancers étant liés à des facteurs de risque évitables. Les experts proposent de créer une coalition pour promouvoir la prévention avec des thèmes majeurs (alcool, pollution, vaccinations, dépistage, inégalités, appropriation de l’information appropriée, mille premiers jours de la vie…). Il s’agit aussi de mener des actions contre les expositions à risque à l’encontre les déterminants commerciaux (lutte contre le tabac, l’alcool, étiquetage sur le modèle du Nutri-score…).
Le quatrième thème a trait au retour à l’emploi et au droit à l’oubli, deux facteurs reconnus d’amélioration de la qualité de vie des patients. Les auteurs des recommandations souhaitent promouvoir et mettre en place un cadre juridique favorable, ainsi que des outils d’information, pour faciliter leur retour au travail, mais aussi développer une législation concernant le droit à l'oubli, et des actions de recherche.
Enfin, la coopération entre les principaux acteurs européens et internationaux de la lutte contre le cancer est déjà bien développée à travers de nombreuses initiatives, mais "le manque de coordination et de gouvernance au niveau mondial en réduit fortement l'impact", affirme le groupe de travail. Il appelle donc, en particulier, à la création d'un mécanisme international de coordination ainsi que d’un fonds mondial dans ce domaine.
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