Quel est l’intérêt du dépistage systématique du déficit en vitamine D chez l’adulte ?

27/04/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Des concentrations basses de vitamine D semblent associées à des complications, ce qui semble signifier que l’identification et le traitement de ce déficit pourraient améliorer ces complications. Pour autant, quelles sont les preuves scientifiques du bénéfice (et de l’absence de danger) du dépistage du déficit en vitamine D chez l’adulte ?

Afin de préparer des recommandations de la US Preventive Services Task Force aux Etats-Unis, une revue systématique de la littérature a été menée jusqu’en novembre 2020 sur les essais randomisés en anglais dans lesquels le dépistage du déficit en vitamine D par un dosage a été comparé à l’absence de dépistage et dans lesquels le traitement par la vitamine D a été comparé avec le placebo ou l’absence de traitement chez des adultes. Quarante-six études portant sur 16 205 sujets ont été incluses. Aucune étude n’a directement évalué les bénéfices ou les dangers, en termes de santé, du dépistage. Parmi les populations communautaires, le traitement n’était pas significativement associé à la mortalité (différence poolée de risque absolu = 0.3 % ; IC 95 % = -0.6 à 1.1 % selon 8 essais randomisés portant sur 2006 patients). Il n’y avait pas non plus d’association significative avec les fractures (différence de risque absolu = -0.3 % ; -2.1 à +1.6 % dans 6 essais randomisés portant 2 186 patients). Il n’y avait pas non plus d’association avec l’incidence du diabète (différence de risque = 0.1 % ; -1.3 à +1.6 % dans 5 essais randomisés portant sur 3 356 patients) ni avec l’incidence des maladies cardiovasculaires (2 essais randomisés ; hazard ratio = 1 ; 0.74 à 1.35 dans l’une et 1.09 ; 0.68 à 1.76 dans l’autre) ni avec l’incidence du cancer (hazard ratio = 0.97 ; 0.68 à 1.39 dans une des études randomisées et 1.01 ; 0.65 à 1.58 dans l’autre). Il n’y avait pas non plus d’association avec la dépression. La différence absolue de risque pour l’incidence d’une chute était de -4.3 % (-11.6 % à +2.9 %). Les preuves étaient plus mitigées pour les effets sur la fonction physique et limitées pour les effets sur l’infection. En conclusion, selon cette étude, aucune étude n’a évalué les bénéfices directs ou les dangers d’un dépistage du déficit en vitamine D. Parmi la population asymptomatique en communauté ayant des concentrations basses de vitamine D, le traitement par vitamine D semble ne pas avoir d’effet sur la mortalité ou l’incidence des fractures, des chutes, de la dépression, du diabète, des maladies cardiovasculaires, du cancer. Les effets sont moins clairs sur la fonction physique ou l’infection.

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