Consommation de sel et HTA : les études à court terme sous-estiment les effets de la réduction de l’apport sodé

11/03/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Il est bien connu que l’importance du sodium dans l’alimentation est associée à une pression artérielle supérieure. On sait que la réduction du sodium dans l’alimentation a des effets favorables sur la pression artérielle des patients hypertendus mais on sait moins si ces effets sont les mêmes d’une population à l’autre. Il en est de même de l’impact de la durée de l’intervention.

Afin d’analyser la relation dose-réponse entre la réduction du sodium dans l’alimentation et les variations de la pression artérielle et d’explorer l’impact de la durée de l’intervention, une équipe britannique a fait une revue systématique avec méta-analyse de tous les essais randomisés comparant différents niveaux de prise de sodium dans des populations adultes, avec des estimations de consommation de sel faites à partir de la natriurèse des 24 heures. Cent-trente-trois études portant sur 12 197 participants ont été incluses. La réduction moyenne du sodium des 24 heures, basée sur la réduction de la natriurèse, était de 130 mmol (IC 95 % = 115 à 145, p < 0.001), la réduction de la pression artérielle systolique (PAS) était de 4.26 mmHg (3.62 à 4.89, p < 0.001) et celle de la pression artérielle diastolique (PAD) était de 2.07 mmHg (1.67 à 2.48, p < 0.001). Chaque réduction de 50 mmol de la natriurèse était associée à une réduction de 1.1 mmHg (0.66 à 1.54, p < 0.001) de la PAS et à une réduction de 0.33 mmHg (0.04 à 0.63, p = 0.03) de la PAD. Les réductions de la pression artérielle étaient observées dans les diverses populations étudiées aussi bien chez les patients hypertendus que chez les patients non-hypertendus. Pour la même réduction de la natriurèse des 24 heures, la réduction de la PAS était supérieure chez les sujets âgés, chez les sujets qui n’étaient pas blancs et chez ceux qui avaient les PAS basales les plus élevées. Dans les essais durant moins de 15 jours, chaque réduction de 50 mmol de la natriurèse était associée à une réduction de 1.05 mmHg (0.4 à 1.70, p = 0.002) de la PAS, ce qui correspond à moins de la moitié de l’effet observé dans les études plus prolongées (2.13 mmHg ; 0.85 à 3.4, p = 0.02). Sinon il n’y avait pas d’association entre la durée de l’étude et la réduction de la PAS. En conclusion, l’importance de la réduction de la pression artérielle obtenue après réduction de l’apport sodé suit une courbe dose-réponse et est supérieure chez les populations les plus âgées, chez les populations non blanches et ceux qui ont des pressions artérielles supérieures. Les études à court terme sous-estiment les effets de la réduction de l’apport sodé sur la pression artérielle.

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