BPCO : la réhabilitation respiratoire en pratique

15/11/2019 Par Brigitte Blond
Pneumologie
Au-delà des médicaments, du sevrage tabagique et de la prévention vaccinale des exacerbations, la réhabilitation respiratoire est à l’évidence ce qu’on peut faire de mieux pour gagner en qualité et espérance de vie.

  Avec 3,5 millions de personnes atteintes, et 17 500 décès annuels, en majorité des hommes (même si la part des femmes augmente), la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) constitue un enjeu majeur. On connait mieux ses facteurs de risque et ses bases physiopathologiques. A l’instar d’un infarctus du myocarde, l’intérêt d’une réadaptation, ici respiratoire, a bien été démontré. Décryptage d’un outil efficace, à condition que l’on s’en serve, souligne le Dr Jean-Marie Grosbois (Lille), pneumologue, coordinateur médical de FormAction Santé.   Egora-Le Panorama du Médecin : Pourquoi est-ce si utile ? Dr Jean-Marie Grosbois* : En préambule, la réhabilitation est un accompagnement, un transfert de compétences, plutôt qu’une prise en charge (puisque l’objectif est de rendre le patient autonome, acteur de sa santé) ; un accompagnement global de la personne, pas de la BPCO ! Si le point d’entrée en effet est respiratoire, les complications sont générales : déconditionnement à l’effort, dépression, peur de l’effort, de l’avenir, déséquilibres nutritionnels et fréquentes comorbidités, cardiovasculaires et métaboliques. En ne s’attachant qu’aux traitements inhalés de la BPCO, et donc à la partie respiratoire émergée de l’iceberg, on ne prend en compte que 10 à 20 % du problème. L’efficacité de la réhabilitation respiratoire (niveau de preuve A) est incontestable, au point d’ailleurs que la librairie Cochrane a fermé son “guichet“ aux études qui l’évaluent à court terme, une décision exceptionnelle.

  Qu’y fait-on ? Pas de la vélothérapie ! Du point de vue respiratoire, le réentraînement à l’effort, exercices d’endurance sur machine, tapis, vélo, voire rameur, va de pair avec le renforcement musculaire périphérique et la reprise d’activités physiques, adaptées (APA) intégrées dans la vie quotidienne : marche, jardinage, vacances, ménage, etc. On y associe de l’éducation thérapeutique pour comprendre et accepter la maladie afin de se soigner plus volontiers, plus durablement… Troisième volet, le plus gros de la réhabilitation, l’accompagnement psychosocial et motivationnel. A défaut, le patient à l’issue du stage de réhabilitation revient en règle à ses performances initiales, maigres, en 12 à 18 mois. Or la pérennisation des acquis, en matière d’adhésion aux traitements, nutrition, abstinence tabagique, activité physique, etc., est indispensable. C’est à ces conditions que la réhabilitation est efficace qui améliore la qualité de vie, les scores d’anxiété et de dépression, la tolérance à l’effort, etc. En pratique au décours d’une hospitalisation pour exacerbation par exemple, des stages peuvent être proposés, soit en hospitalisation complète sur 4 semaines, dans un service de soins de suites et réadaptation, soit en hospitalisation à temps partiel (en ambulatoire) sur une demi ou une journée 2, 3 ou 5 fois par semaine (20 à 25 séances en tout, sur 2 à 3 mois), soit encore à domicile comme nous le pratiquons depuis 10 ans dans le Nord Pas-de-Calais, une initiative pionnière innovante. L’équipe, transdisciplinaire, coordonnée par un médecin formé à la pneumologie, comprend au moins deux autres professionnels de santé, infirmière, kiné, psychologue et/ou professeur d’APA.     Quand est-elle indiquée ? Lorsque les patients, en dépit d’un traitement optimisé, “observé“, sont toujours essoufflés à l’effort, ce qui les limite dans leurs activités quotidiennes. Plus objectivement, dès le stade 2 de la classification de Gold, c’est-à-dire un volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) < 80 % et une dyspnée gênante, on peut se poser la question d’une prescription de réhabilitation. Sachant que le VEMS est un outil d’entrée, et n’explique que 10 % du problème, le reste étant les conséquences de cette BPCO, une maladie générale, variables selon la personnalité, le stade d’acceptation de la maladie, les facteurs de risque (la sédentarité, un tabagisme résiduel, une insuffisance cardiaque, etc.). Le médecin de famille, dûment formé (il existe des programmes formalisés d’éducation thérapeutique de 40 heures validés par les ARS), peut initier et consolider au long cours cet accompagnement global au domicile. L’objectif est d’améliorer la tolérance à l’effort, alors plus soutenu, plus efficace, pas de ne plus être essoufflé ! ; de réduire le nombre des exacerbations, et ainsi les hospitalisations et le coût de la BPCO. A la clé, une meilleure qualité et quantité de vie.   La carte du Groupe Alvéole des centres de réadaptation respiratoire est disponible sur www.splf.fr, le site de la Société de Pneumologie de Langue Française.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

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Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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